Rapport annuel 2010 - Banque Privée Edmond de Rothschild
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RAPPORT<br />
DU COMITÉ EXÉCUTIF<br />
L’émergence d’un nouvel ordre économique mondial<br />
Passé les ravages <strong>de</strong> la crise bancaire, pendant laquelle<br />
les Etats avaient affiché leur puissance financière pour<br />
enrayer l’hécatombe <strong>de</strong>s banques dans les pays industrialisés,<br />
force est <strong>de</strong> constater que désormais ce sont les<br />
Etats qui se trouvent en première ligne. L’année écoulée<br />
aura cristallisé la désormais faiblesse financière <strong>de</strong>s<br />
gran<strong>de</strong>s puissances. Partie <strong>de</strong> Grèce, la révélation <strong>de</strong> déficits<br />
budgétaires disproportionnés et d’accroissements<br />
massifs, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes souveraines, a successivement touché<br />
l’Irlan<strong>de</strong>, le Portugal et l’Espagne. Mais ce sont l’Europe, le<br />
Royaume-Uni, le Japon et les Etats-Unis qui ont vu dans<br />
ce sillage questionner leur crédibilité financière. Au même<br />
moment la Chine et les pays du Sud-Est asiatique, le Brésil<br />
et l’Amérique du Sud, ont vu leurs économies continuer à<br />
progresser. Révélation emblématique du basculement <strong>de</strong><br />
la richesse mondiale vers les états émergents au détriment<br />
<strong>de</strong> l’Europe et <strong>de</strong>s Etats-Unis. La Chine est désormais le<br />
banquier incontournable <strong>de</strong> la planète avec 2800 milliards<br />
<strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> réserves.<br />
Pour contrer les risques <strong>de</strong> désintégration monétaire, les<br />
banques centrales, Fe<strong>de</strong>ral Reserve et BCE, ont entrepris<br />
la création <strong>de</strong> liquidités massives en rachetant dans les<br />
marchés financiers les obligations d’état afin d’empêcher la<br />
hausse <strong>de</strong>s taux et dans un contexte d’hyperliquidité <strong>de</strong><br />
créer un effet <strong>de</strong> richesse susceptible <strong>de</strong> provoquer une<br />
reprise économique d’ampleur seule capable d’éponger<br />
les déficits budgétaires et stabiliser les <strong>de</strong>ttes souveraines.<br />
Cette politique n’a pas réussi pour le moment, mais<br />
a fortement contribué à doper les bulles <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>vises, <strong>de</strong>s obligations et <strong>de</strong>s matières premières. Devant<br />
cette création monétaire gigantesque, les monnaies n’ont<br />
plus <strong>de</strong> valeur et le cash apeuré se réfugie dans les<br />
matières premières et l’immobilier. Les pays émergents, Chine<br />
en tête, essayent par tout moyen <strong>de</strong> freiner l’appréciation<br />
RAPPORT ANNUEL <strong>2010</strong> • 11<br />
<strong>de</strong> leur <strong>de</strong>vise en prenant <strong>de</strong>s mesures contre les importations<br />
<strong>de</strong> capitaux étrangers. Les réévaluations <strong>de</strong>s monnaies<br />
émergentes <strong>de</strong>viennent le reflet <strong>de</strong>s dévaluations compétitives<br />
<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s monnaies. Seul Pékin peut nuancer le<br />
système en rééquilibrant ses achats <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises étrangères<br />
dans ses réserves pour son plus grand bénéfice commercial<br />
et industriel. La main tendue <strong>de</strong>s grands argentiers chinois<br />
lors <strong>de</strong> leur tournée <strong>de</strong>s capitales européennes en est la<br />
manifestation évi<strong>de</strong>nte.<br />
La redistribution <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> l’économie mondiale est en<br />
cours. En<strong>de</strong>ttement excessif, chômage record et stagnation<br />
économique étouffent les possibilités <strong>de</strong> reprise en Occi<strong>de</strong>nt<br />
tandis que la progression <strong>de</strong> l’emploi et du pouvoir d’achat,<br />
la bonne qualité <strong>de</strong> l’éducation, <strong>de</strong> la formation, et l’élévation<br />
rapi<strong>de</strong> du niveau <strong>de</strong> vie dopent les nouveaux acteurs<br />
<strong>de</strong> l’économie mondiale. La Chine, l’In<strong>de</strong>, le Brésil, la Turquie,<br />
le Mexique et le Sud-Est asiatique sont-ils les nouveaux<br />
conquérants en train d’envahir et détruire la Rome Impériale ?<br />
La question est lancée.<br />
Pour inverser l’ordre mondial, il faudrait <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />
émergents trouver une stabilité sociale et institutionnelle<br />
pour pallier la fragilité <strong>de</strong> leurs systèmes politiques. La Chine<br />
<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes s’oppose à la Chine <strong>de</strong>s régions intérieures.<br />
Les disparités sont immenses. Les excès d’investissements<br />
financés par les banques ou la spéculation<br />
immobilière peuvent-ils provoquer un domino bancaire en<br />
Asie ? La hausse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées agricoles est-elle susceptible<br />
<strong>de</strong> provoquer <strong>de</strong>s émeutes locales ? (Inégalités criantes<br />
dans la progression <strong>de</strong>s revenus) toutes questions auxquelles<br />
personne n’a réponse, mais qui soulignent la fragilité dans<br />
leur développement <strong>de</strong> ces nouvelles puissances. Il en va <strong>de</strong><br />
même pour tous les ténors <strong>de</strong> la nouvelle donne économique<br />
mondiale. Expansion rapi<strong>de</strong> mais fragilité systémique.