2 Définion et enjeux du caractère social dans <strong>le</strong> concept dudéveloppement durab<strong>le</strong>2.1 Historique et introducon du concept de développement durab<strong>le</strong>Depuis <strong>le</strong> 20 ème sièc<strong>le</strong>, l’humanité a de plus en plus de mal à croireet à convaincre qu’el<strong>le</strong> aurait encore tous <strong>le</strong>s droits sur la surface dela terre. Différents courants et différentes idées émergent depuis desdizaines d’années, montrant <strong>le</strong>s différents rapports entre l’homme et sonenvironnement. Cee prise de conscience ne date pas du 20 ème sièc<strong>le</strong> carnous pouvons retrouver des idées allant dans ce sens bien avant. Un rapidehistorique permet de montrer quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s priorités et comment el<strong>le</strong>sont évolué.Pour <strong>le</strong> philosophe Michel Puech 1 , la société industriel<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong> peutêtre perçue comme <strong>le</strong> résultat de deux périodes historico-culturel<strong>le</strong>s. Lapremière, au 17 ème sièc<strong>le</strong>, sièc<strong>le</strong> des Lumières, développe la science. Laseconde, aux 18 ème et 19 ème sièc<strong>le</strong>s, voit émerger <strong>le</strong> romansme plaçant lanature et l’homme au centre de sa réf<strong>le</strong>xion. On peut discerner que ces deuxpériodes sont des racines de la société actuel<strong>le</strong>. Le constat de cee noonpeut se faire, selon moi, à travers <strong>le</strong>s évoluons d’idées qui vont tendrentvers l’un ou l’autre courant. Les priorités vont porter sur l’environnement,l’homme, la jusce, <strong>le</strong> progrès ou encore l’économie. Certaines de ces va<strong>le</strong>ursvont être jugées plus prioritaires que d’autres par chacun des courants sociopoliquesdéveloppés jusqu’à nos jours. De la préservaon à la conservaon,<strong>le</strong>s acons envers l’environnement et l’homme vont évoluer.A la fin du 19 ème sièc<strong>le</strong>, des mouvements favorab<strong>le</strong>s à la proteconde la nature se développent. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Sierra Club, une associaonécologiste américaine, agissait pour une protecon environnementa<strong>le</strong>. En1872, cee organisaon promeut, par exemp<strong>le</strong>, la sauvegarde du célèbre1 P M, Développement durab<strong>le</strong>, un avenir à faire soi-même, Paris, Lepommier, 2010, 239 pparc naonal de Yellowstone aux Etats-Unis. De tel<strong>le</strong>s acons, bien quetrès conservatrices de la nature, montrent cependant l’intérêt grandissantenvers cee dernière.Après la seconde guerre mondia<strong>le</strong>, des opposions face à la sociétéindustrialisée croissante et au capitalisme voient <strong>le</strong> jour. Ces idées, sous<strong>le</strong> nom d’écologie polique, cherchèrent, surtout dans <strong>le</strong>s années 1960-1970, à conscienser l’homme face à des problèmes sociaux, poliquesmais éga<strong>le</strong>ment environnementaux. La crique du mouvement portait sur<strong>le</strong> système dans son ensemb<strong>le</strong>, voulant son changement radical. L’écologiepolique n’arrêta visib<strong>le</strong>ment pas la consommaon des ressources naturel<strong>le</strong>sau profit de l’industrie, se développant toujours plus. L’ouvrage de RomainFelli, Les deux âmes de l’écologie 2 , compare l’évoluon de ce mouvementde l’écologie polique jusqu’au développement durab<strong>le</strong> actuel. Felli nommel’écologie polique « écologie par en bas » et <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong>« écologie par en haut ». Nous allons voir que ces deux mouvements ne sontpas nés l’un à la suite de l’autre, mais bien l’un opposé à l’autre.En 1970 de nouvel<strong>le</strong>s criques émergent, dont cel<strong>le</strong>s de l’économiste etmathémacien Nicholas Georgescu-Roegen, montrant que l’impact de nosconsommaons sur l’épuisement des ressources est évident. Par de simp<strong>le</strong>scalculs, l’ulisaon des ressources non renouvelab<strong>le</strong>s ne peut visib<strong>le</strong>mentpas produire une consommaon durab<strong>le</strong>.En 1972, <strong>le</strong> célèbre rapport Meadows « Halte à la croissance » est publiéà la demande du Club de Rome (instuon internaona<strong>le</strong>, composée dechercheurs dans <strong>le</strong>s domaines de l’économie, des sciences, de la poliqueou encore de l’industrie, s’interrogeant sur <strong>le</strong>s quesons de croissanceet de développement). La conclusion des chercheurs de ce rapport futrelavement alarmante si aucun changement n’arrêtait la croissanceexponenel<strong>le</strong> de « l’ulisaon » de la terre. On ne peut connuer unecroissance illimitée dans un système limité (nous pouvons entendre parlà <strong>le</strong>s ressources limitées). Le terme « sustainab<strong>le</strong> », soutenab<strong>le</strong>, sous-2 F R, Les deux âmes de l’écologie, Paris, l’Harmaan, 2008, 102 p.2.9
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