Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...
Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...
Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
La référence à l’utopie dans les articles traitant <strong>de</strong> ces questions est associée à trois groupes<br />
d’idées :<br />
- celles qui s’inscrivent dans le registre du progrès, <strong>de</strong> l’innovation, <strong>de</strong>s révolutions<br />
technologiques... l’utopie est un élément moteur <strong>de</strong> l’histoire, quelque chose aux impacts<br />
fondamentaux qui n’est pas là, qui n’est pas forcément ailleurs mais qui pourrait advenir.<br />
L’utopie est alors un projet ambitieux, aux développement multiples. Elle peut aussi s’inscrire<br />
dans un processus extrêmement dynamique riche ou lourd <strong>de</strong> conséquences sur l’organisation<br />
<strong>de</strong>s sociétés. L’un <strong>de</strong>s exemples les plus récurrents est celui <strong>de</strong> l’Internet, abondamment traité<br />
par la presse en général et par le quotidien « le Mon<strong>de</strong> » en particulier.<br />
- la référence à l’utopie est aussi un argument rhétorique. L’utopie est alors le plus souvent<br />
l’idée généreuse mais qui n’a pas aboutie, la croyance, voire le rêve angélique (par exemple<br />
dans l ‘article signé par Philippe Breton : « Cette croyance [dans les vertus <strong>de</strong> la technologie]<br />
à forte tonalité utopique, est fortement enracinée dans la culture américaine... » 63 ).<br />
L’utopisme, qualificatif fonctionnant comme une sanction est alors décrétée, ex post,<br />
précisément parce que l’idée était généreuse et n’a pas aboutie, parce que la croyance a été<br />
invalidée par les progrès <strong>de</strong> la connaissance rationnelle ou ne saurait résisté bien longtemps,<br />
parce que le rêve angélique s’est effondré. L’utopie consiste alors à accor<strong>de</strong>r un crédit non<br />
justifié par la raison à <strong>de</strong>s objets, <strong>de</strong>s événements, <strong>de</strong>s relations, <strong>de</strong>s récits... De ce point <strong>de</strong><br />
vue, elle se rapproche du mythe.<br />
- L’utopie peut aussi être un réinterprétation fallacieuse <strong>de</strong> l’histoire, une réduction <strong>de</strong> celle-ci<br />
aux événements les plus positifs au détriment <strong>de</strong> la « vérité historique », une illusion, un refus<br />
ou une incapacité à considérer la complexité qui serait le propre <strong>de</strong> la construction historique,<br />
politique ou sociale. Glissant vers l’idée fausse, l’utopie est alors une erreur, un prétexte<br />
spécieux tant au plan <strong>de</strong> sa capacité à restituer ou à instituer la réalité que <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
recherche, c’est une réduction du réel, un pli idéologique (ainsi, dans l’article <strong>de</strong> Daniel<br />
Bensaïd : « ... chez Martin Malia, l’histoire est régie par une idée : l’utopie du socialisme.<br />
Sous prétexte <strong>de</strong> réaffirmer la primauté du politique sur l’histoire sociale, l’historien privilégie<br />
une interprétation où “l’idée règne absolument”. » 64<br />
2.3.1.4 . Religions, croyances, sectes..<br />
L’utopie, dans la religion et plus spécifiquement dans l’histoire <strong>de</strong>s religions désigne<br />
fréquemment <strong>de</strong>s mouvements minoritaires mais profondément réformistes et fondateurs<br />
(« l’utopie franciscaine » par exemple) ; <strong>de</strong>s assemblées (le mot « église » du grec ekklèsia<br />
signifie d’ailleurs « assemblée ») ; expériences communautaires (les ordres monastiques) ; la<br />
naissance d’une église ou <strong>de</strong> mouvements religieux communautaristes ou sectaires ; <strong>de</strong>s<br />
moments ou <strong>de</strong>s temps particuliers, moments et temps <strong>de</strong> basculement (le millénarisme est<br />
ainsi considéré comme fort propice aux utopies).<br />
L’utopie est alors synonyme d’un espoir, d’une croyance dans <strong>de</strong>s « len<strong>de</strong>mains qui<br />
chantent », en l’harmonie, le paradis sur terre, la réconciliation, la générosité, un renouveau,<br />
une Ré<strong>de</strong>mption. L’utopie est alors ce mouvement par lequel serait relié, par <strong>de</strong>là l’histoire,<br />
63 Ph. Breton, L’utopie <strong>de</strong> la guerre technologique, Horizons-débats, Le Mon<strong>de</strong> du 30 avril 1999<br />
64 D. Bensaïd, Penser à l’épreuve <strong>de</strong> la complexité historique,<br />
14