Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

DEUXIEME PARTIE
RELATIONS ENTRE UTOPIES ET RECHERCHE URBAINE
Eléments de l’intervention orale de M. André Bruston au Séminaire sur les Utopies
Urbaines, Pôle Ville de la Maison de la Recherche, mai 1998.
Marie-Christine Jaillet : Quel est votre point de vue sur les rapports entre utopies et
recherches urbaines sur la durée (y a-t-il des cycles dans ce rapport?), sur la place du
discours utopique dans cette recherche urbaine, sur ce qu'il a produit, son impact, ses effets
sur la définition, la conduite de la recherche urbaine et ses problématiques ?
La question est d'une telle ampleur qu'il me faudrait plus d'une heure pour y répondre. Je vais
essayer de marquer simplement quelques limites dans cette affaire, car la recherche urbaine à
laquelle je réfléchis ou sur laquelle je pourrais réfléchir, je la situe grosso-modo à partir du
milieu des années 60 jusqu'à aujourd'hui. Le minimum donc pour en parler, c'est d'en parler
sur au moins 30 à 35 ans, sous peine de ne pas en parler sérieusement. De ce fait, vous
admettrez que je ne pourrais pas parler de tout sur les 35 ans en question, c'est trop difficile.
Quelques remarques quand même.
Sur le débat d'abord, parce que le livre 70 est très intéressant et nous apporte une série de
choses et notamment l'extraordinaire variabilité de l'emploi que l'on peut faire aujourd'hui du
terme. Est-ce que dans la recherche urbaine, on a été aussi varié? Oui, parfois, pas toujours; il
y a eu quand même des périodes où on a tenu à préciser les choses et à leur donner des sens
relativement clarifiés par rapport à d'autres notions. Alors, je vais commencer, en dire deux
mots, et j'expliquerai tout à l'heure pourquoi et comment cela s'est construit. Mais, simplement
pour qu'on s'entende déjà très précisément, il est clair qu'au moins dans mon point de vue et
dans le point de vue qui a été exploité par les chercheurs à certaines époques, le décalage
majeur d'un point de vue notionnel se trouvait entre les approches de l'idéologie et des
idéologies d'une part et les approches à caractère utopique d'autre part.
Cette distinction là est importante ne fut-ce que parce que nous étions dans les sciences
sociales depuis longtemps, dans des champs d'approche fondamentale sur ces différents points
depuis plus de 30 ans. Quand je me situe en 1970, il y a plus de 30 à 40 années de travaux, de
réflexions qui ont essayé d'éclairer les écarts existants entre les différents champs de la
croyance et les différents champs de la conviction... Ainsi, c'est vrai que d'une certaine
manière, pour aller très vite, on pourrait dire que du côté de l'idéologie, on faisait basculer ce
qui était de l'ordre de ce que l'on croit qui viendra avec une conviction collective de ce que
cela viendra bien et que cette croyance là est capable d'accumuler les éléments rationnels de sa
conviction. Alors que ce qui était "embarqué" du côté des approches plus utopiques, renvoyé
au caractère plus fondateur des utopies, c'est-à-dire à leur capacité de donner du sens, d'être
apte à faire basculer des situations, des fondations, était par conséquent, par bien des aspects,
70 Utopies Urbaines, édition préparée par E. Eveno, Coll. « Villes et Territoires », n°11, Presses Universitaires
du Mirail, 1998.
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