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Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

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L'ordre <strong>de</strong>s séparations spatiales <strong>de</strong>s espaces sociaux menacé par l'errance d'un vagabond et<br />

par l'immoralité (mémoires d'un âne; "notre Illia<strong>de</strong>" disait son mari, 1860). L'ordre social<br />

menacé <strong>de</strong>s domaines ruraux (Pauvre Blaise 1860), l'ordre intime d'une maison menacé par la<br />

maladie mentale (La sœur <strong>de</strong> Gribouille, 1861) l'ordre spatial la campagne supérieure à la ville<br />

(les <strong>de</strong>ux nigauds 1862); l'ordre du château menacé par les jeux d'enfants (les bons enfants<br />

1862); l'ordre familial et spatial menacé par les départs et retours <strong>de</strong>s pères soldats (l'auberge<br />

<strong>de</strong> l'ange gardien 1862)... Et coetera? Cet ordre socio spatial que rien ne doit modifier est, sans<br />

doute, celui que nous cherchons.<br />

Ni ville, ni campagne, (nature et <strong>de</strong>meure mêlées, ville lieu <strong>de</strong> perdition) donc, ni démocratie,<br />

ni tyrannie, (le maire est ridicule ou follement autoritaire, le notaire, le commissaire, sont, au<br />

fond <strong>de</strong>s agents du château, le rôle du politique se dissous dans le domestique ou l'héroïsme<br />

militaire. Enfin, l'arbitraire, l'autoritarisme, rien <strong>de</strong> cela n'est acceptable.) La confrontation<br />

sociale est le fait <strong>de</strong>s méchants, arrivistes, avi<strong>de</strong>s ou voleurs, elle peut être remplacée par la<br />

généreuse charité (haut/bas) et par le respect dévoué (bas/haut). A <strong>de</strong> rares instants (la fête, le<br />

mariage, le danger) un mélange social s'effectue, il ne dure pas mais permet l'affection (aimez<br />

vous les uns les autres). Les milieux sont homogènes, la place <strong>de</strong> chacun est fixé dans un<br />

schéma socio-spatial qui ne doit pas être transformé (danger <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> place, refus d'un<br />

affrontement social). Pour autant, la sé<strong>de</strong>ntarité n'existe que pour les mères qui pleurent <strong>de</strong><br />

laisser le château, mais voyager est un trait qui relie les différents lieux <strong>de</strong> vie.<br />

La mobilité, c'est là fonction d'homme (à la guerre, à la ville pour les affaires au faubourg<br />

Saint Germain), sous peine d'acci<strong>de</strong>nt (madame <strong>de</strong> Rosebourg). Les enfants (y compris les<br />

filles, avec calèches...) et les hommes sont mobiles, mais ne doivent pas pour autant <strong>de</strong>venir<br />

les vagabonds, animaux (âne) ou naufragés ou orphelins qui cherchent un port après le drame<br />

du vaisseau. A peine entré au conseil d'état Julien annonce que la vie qu'il "préférera et qu'il<br />

mènera sept ou huit mois <strong>de</strong> l'année, sera la vie tranquille <strong>de</strong> la campagne." L'homme et la<br />

femme n'ont d'ailleurs pas exactement les mêmes vertus à montrer: la lâcheté est vice pour le<br />

garçon, là où la pru<strong>de</strong>nce serait vertu pour la fille. Il semble aussi que l'homme récompense<br />

par l'argent, là où la femme l'utilise pour la charité. Du reste, chez Ségur, les hommes sont<br />

souvent désespérément bêtes et laissent les femmes faire, au point <strong>de</strong> disparaître (M <strong>de</strong><br />

Fleurville). Surtout, le modèle <strong>de</strong> l'aventure pour Paul, c'est les vacances, le naufrage, les<br />

cannibales, le voyage. Pour les filles l'aventure est dans la recherche <strong>de</strong> la perfection intime.<br />

Ne nous étonnons pas que le château soit castrateur. Il est le lieu <strong>de</strong>s femmes lorsque les<br />

hommes sont en croisa<strong>de</strong>. Vision sexuée donc, ni sé<strong>de</strong>ntaire, ni noma<strong>de</strong>.<br />

Le château est donc un modèle spatial, social et moral qui suggère <strong>de</strong> multiples contradictions<br />

internes: ce lieu idéal est moralement tentateur, mais, socialement, il ne peut être le lieu <strong>de</strong><br />

tous. Il est menacé <strong>de</strong> l'intérieur par <strong>de</strong>s perversions morales, <strong>de</strong> l'extérieur par la cupidité <strong>de</strong>s<br />

autres.<br />

LA VIE DE CHATEAU POUR TOUS: BABAR DE JEAN DE BRUNHOFF<br />

a) La fin <strong>de</strong>s châteaux? La littérature enfantine et la vie <strong>de</strong> châteaux vers 1900.<br />

Jules Verne et Bécassine... Dans un travail complet on ne pourrait oublier ni l'un, ni l'autre.<br />

Verne, on l'a dit, ne pose pas la même problématique politique, philosophique que la<br />

comtesse, alors qu'il écrit ses premiers romans quand elle termine son œuvre. Hetzl et ceux<br />

qui l'accompagnent (dont G Sand qui fait, comme Ségur, un Gribouille) ont fait beaucoup<br />

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