Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

Le propos est donc d’essayer de « révéler quelques traits qui semblent précurseurs de
changements de fond de notre société et de la ville qui l’abritera » 84. Ici, c’est l’idée de
rompre avec la dichotomie ville/campagne qui est mise en avant.
C’est Y. Chalas qui donne les caractéristiques de la ville d’hier, « harmonie classique…unité
fonctionnelle…ville compacte, ramassée sur elle-même…minérale…dense », c’est « la ville
de la proximité, …, de la forme au contour net » 85. Pour les auteurs de cet ouvrage comme
pour B. Préel « la ville ne concentre plus, elle agglomère autour d’elle, trop vite pour fabriquer
de la centralité et de l’urbanité » 86. C'est d'ailleurs sur ce point que les pensées divergent entre
B. Préel et les espaces urbains de la ville émergente qui sont tous présentés comme "des lieux
d'acceuil et de production d'urbanité à part entière".
C’est à la fois la fin de la ville latine et de la ville fonctionnelle, il y a muséification de la
première et échec de la seconde. Cette ville ne représente, d’après eux, qu’une faible portion
du territoire et des pratiques urbaines. Ils pensent qu'il y a déclin de cette ville classique.
Chalas dans sa conclusion donne la hiérarchie, pour lui mise à mal, des modalités de cette
ville : la fixité sur la mobilité, la forme au contour net plutôt qu’illimité, la densité minérale
supérieure au végétal, un seul centre-ville, des pleins plus que des vides.
Pour eux, la " ville d’hier " ne répond plus aux modalités des sociétés et économies actuelles,
elle doit se repenser, se réaménager, il faut faire le deuil de cette " ville d’hier " et des façons
de la penser.
La critique des moyens de faire et penser la ville.
Plus qu’une critique politique générale celle ci porte sur les moyens mis en œuvre pour
produire la ville, la gérer, la gouverner et la faire. L’ensemble des intervenants parlent de
repenser la gouvernance urbaine.
La première critique est celle d’une société qui a depuis longtemps fait un principe de la
coupure entre ville et campagne, l’une est culture et l’autre est nature. Les habitants de l’une
ont toujours entretenu le mépris de l’autre.
Pour eux, il faut prendre en considérations les volontés des individus, les intégrer dans des
logiques de production urbaine, repenser les limites ou les non-limites de la ville. Malgré une
décentralisation effective depuis les années quatre-vingt, il faut encore décentraliser afin de
donner aux individus les moyens de réorganiser la nappe urbaine, l’étalement.
Il n’est pas de ville matérielle sans projet social. Le projet social, civitas, précède la ville
construite, l’urbs. Afin de rompre avec cette dichotomie, il y a supposition d’une conversion
profonde des économies de l’habitat, des loisirs, des transports, fondées sur l’occupation des
84 idem
85 Y. Chalas, "Conclusion. Les figues de la ville émergente, in La ville émergente ", Ed de l’Aube, 1997.
86 B. Préel, "L’Après-ville", in TH. Paquot " Le monde des villes. Panorama urbain de la planète ", Ed
Complexe, 1996, p 673-687.
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