Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

paysages et la consommation de territoires qu’elles contribuent très inégalement à produire et
à entretenir. Redéfinir la relation ville-campagne, penser le continuum, tout en conservant la
richesse patrimoniale.
Autre élément, la valorisation de l’espace domestique et son corollaire la dévalorisation de
l’espace public dont il faut repenser les fonctions et les usages, " chaque pièce de la maison a
gagné une partie sur les équipements urbains " 87.
C’est O. Piron qui critique le plus les instruments théoriques de l’urbanisme et de la
conception et production des villes. Il propose de " remonter aux systèmes de pensée et de
représentation eux-mêmes " 88. Les modes de pensée de la ville d’hier s’appuyaient sur une
approche normative et déterministe, elle-même fondée sur une croyance en l’homme
constructeur. Il se base, aujourd’hui, sur les théories de la mesure, du chaos, et des fractales.
Il en conclut que " les villes sont structurellement hétérogènes, mais dotées d’isomorphismes
internes qui, par exemple, engendrent automatiquement, à partir d’une certaine taille, des
centres secondaires, créant ainsi la polynucléarité fondamentale de nos aires urbaines
contemporaines " 89.
Le politique n’est plus toute puissante, et il faut jongler avec les acteurs économiques. Il y a
un accord a faire entre ceux qui gouvernent et ceux qui font vivre la ville. Sans oublier bien
entendu, ceux qui la vivent.
La ville de demain se modèle et doit se penser par la mobilité. Afin de ne pas oublier ceux qui
ne peuvent accéder à " l’archipel des lieux de vie " 90, il faut faire des transports, un droit pour
tous et accessible à tous. Ils parlent de faciliter la navigation et la lisibilité urbaine.
Il faut repenser la ville d’hier et " déchiffrer, pour les dépasser, ces impressions de chaos ou
de désordre sans rationalité pour en comprendre les dynamismes et en orienter les diverses
évolutions envisageables " 91.
La ville émergente est-elle la ville parfaite ?
Dans cet ouvrage quelques indices permettent de penser la ville émergente comme utopie. De
plus, " l’après-ville" de B. Préel permet de mieux penser cet imaginaire de l’étalement
périurbain.
C’est d’abord l’absence flagrante de dimension historique, excepté dans le texte de C. Ghorra-
Gobin qui présente l’exemple de Los Angeles. Mais cet exemple étranger comporte
l’éventualité de faire fonctionner encore plus l’utopie. Ainsi cette ville émergente est à la fois
un ailleurs et un futur. Un futur, car dans son texte S. Marot, fait remarquer que la suburbia
87 B. Préel, op cit p 3.
88 O. Piron, "la ville émergente", in Urbanisme n° 296, 1997, p 81-85.
89 idem
90 J. Viard, "La société d'archipel", l'Aube 1994.
91 O. Piron, "postface de La ville émergente", de G. Dubois-Taine et Y. Chalas, Ed de l’Aube, 1996
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