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Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

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les temps <strong>de</strong> l’E<strong>de</strong>n et <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> l’histoire (« Avec la proximité <strong>de</strong> l’an 2000 (...) les appels à<br />

une annulation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte publique <strong>de</strong>s quarante et un pays les plus pauvres du mon<strong>de</strong> (...) se<br />

font <strong>de</strong> plus en plus pressant. (...) Il ne s’agit pas pour autant <strong>de</strong> s’en tenir à <strong>de</strong>s principes<br />

relevant d’une utopie généreuse »). L’histoire, le présent et l’ici ne sont plus dès lors que <strong>de</strong>s<br />

parenthèses qu’il faut souffrir dans l’attente <strong>de</strong> la parousie et <strong>de</strong> la synthèse eschatologique qui<br />

en adviendra. Le discours liturgique use d’ailleurs abondamment <strong>de</strong> l’énoncé <strong>de</strong>s<br />

contradictions (le bien contre le mal, le pardon contre la vengeance ou contre l’offense,<br />

l’amour contre la haine, etc.). Cette synthèse ne ressemble pourtant pas à celle opérée par le<br />

discours utopique qui lui ne prend pas <strong>de</strong> position (il n’occupe ni la position du bien ni du<br />

mal, mais comme le montre Louis Marin, celle du « neutre »).<br />

Par contre, le discours utopique opère une autre synthèse entre <strong>de</strong>ux tendances<br />

contradictoires : celle qui rassemble et celle qui sépare : L’Eglise qui réunit par la communion<br />

<strong>de</strong>s croyants, affrontée à la secte qui isole, qui met à l’écart. Cette ambiguïté permet d’ailleurs<br />

à nombre <strong>de</strong> secte <strong>de</strong> se légitimer par le jeu <strong>de</strong> références à la naissance d’une Eglise, au<br />

moment où l’Eglise chrétienne était elle-même une secte avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une religion<br />

officielle. La secte occupe d’ailleurs, dans le champ du discours, le pôle <strong>de</strong> la contestation,<br />

notamment celle <strong>de</strong> la collusion entre politique et religion. On trouve <strong>de</strong> nombreux exemples<br />

<strong>de</strong> cette nature dans les « sectes » ou mouvements « satanistes ». L’Ordre Guillaume, les<br />

« Légions <strong>de</strong> Lucifer », « Synagogue of Satan »... se présentent ainsi à travers un discours <strong>de</strong><br />

synthèse contradictoire (censé relier le temps heureux <strong>de</strong>s « religions naturelles » et <strong>de</strong> la<br />

revanche sur l’Eglise officielle : « Les satanistes reconnaissent Satan dans son origine païenne<br />

(c'est à dire une force <strong>de</strong> la nature), ou comme un principe » 65). Discours <strong>de</strong> négation,<br />

notamment <strong>de</strong> négation <strong>de</strong> l’histoire, elle en propose une autre interprétation.<br />

2.3.1.5 . Politiques publiques, action gouvernementale : Economie, Grands travaux,<br />

Aménagement du territoire, Services publiques, Education, Santé, Justice<br />

L’idée utopique est dans ce registre souvent associé à <strong>de</strong>s projets, <strong>de</strong>s mesures ambitieuses,<br />

<strong>de</strong>s travaux importants. Pendant les années 1998/1999, l’un <strong>de</strong>s thèmes qui a le plus recouru à<br />

ce vocable a été celui <strong>de</strong>s « emplois-jeunes », mesure phare du Gouvernement <strong>de</strong> « gauche<br />

plurielle » du Premier ministre Lionel Jospin. Ainsi, dans son article du 4 mai 1999, Alain<br />

Lebau<strong>de</strong> introduisait son propos en ces termes : « <strong>Au</strong> point <strong>de</strong> départ, les emplois-jeunes sont<br />

à la rencontre d’un constat et d’une utopie ». Entre l’échec et l’opprobre <strong>de</strong>s anciennes<br />

mesures (TUC -Travaux d’utilité collective- ou CES -Contrats emploi-solidarité) qui seraient<br />

<strong>de</strong> l’ordre du constat et le rêve d’un «gisement <strong>de</strong> nouveaux emplois », ces emplois-jeunes<br />

seraient-ils en capacité d’effectuer la synthèse ? L’utopie est ici le pendant du rêve et <strong>de</strong><br />

l’espoir mais ne se fon<strong>de</strong> pas sur rien : « <strong>Au</strong>x confins <strong>de</strong>s secteurs marchands et non<br />

marchands (...) , il pourrait y avoir place pour ce que les exégètes appellent l’économie<br />

solidaire ou plurielle ».<br />

Un autre thème qui use beaucoup <strong>de</strong> la référence à l’utopie est celui <strong>de</strong> l’éducation. Que le<br />

mon<strong>de</strong> scolaire nourrisse quelques relations ambiguë avec l’utopie est connue <strong>de</strong>puis fort<br />

longtemps : mon<strong>de</strong> clos, régi par ses propres règles, lieu <strong>de</strong> production du savoir et du<br />

discours sur le savoir, lieu d’égalité, foyer d’une civilisation... Les promesses scolaires sont<br />

multiformes : intégration sociale, production d’une élite méritante, d’une méritocratie, elle<br />

rompt avec la société d’ordre <strong>de</strong> l’époque prérévolutionnaire et rend possible l’ascension<br />

65 Site officiel <strong>de</strong> « l’Ordre Guillaume », membre <strong>de</strong> la Fédération <strong>de</strong>s Satanistes français.<br />

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