Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

sociale. Toutefois, quand il s’agit de mettre l’accent sur l’écart entre l’énoncé des principes,
les orientations proclamées et les pratiques, l’utopie est encore mobilisée ; elle devient alors
un danger, un mirage, une idéologie pernicieuse. De nombreux articles du Monde, parus entre
1998 et 1999 s’inscrivent dans ce type de problématique (« les enseignants consultés dressent
un tableau sombre du collège unique » -19 mai 1999- ; « Le Collège de l’an 2000 » - 25 mai
1999_ ; « 7 élèves au maximum » -20 mars 1999- ; « Education : Philippe Séguin prononce, à
l’ENS, un long plaidoyer pour l’école », -27 janvier 1999- ; « Pomme d’or ou la nouvelle
utopie scolaire chinoise » -10 novembre 1998).
2.3.1.6 . Pratiques sociales, contre-culture, érotisme, beauté, jeunesse, adolescence,
consommation, publicité, médias
Le fait de qualifier des pratiques sociales par le biais de la référence utopique est une façon
plus ou moins détournée de parler de parler soit de pratiques marginales, soit de la figure
sociale abstraite de la perfection.
Les pratiques marginales se déclinent de nombreuses façons : pratiques contestables et
pratiques de contestation, pratiques de mise à distance du reste de la société, contre-culture,
contestation sociale, résistance à la modernité ou à la globalisation (« utopies champêtres »),
pratiques de libertinage, érotisme, sadisme, pornographie, pratiques clandestines, contresociété
criminelle (héritage des courts des miracles qui constituaient l’envers des sociétés
urbaines). Ainsi, dans l’article de Jean-François Rauger « L’univers érotique de Tatsumi
Kumashiro », l’érotisme est-il présenté comme un moyen d’action politique et sociale, comme
une revendication de liberté non pas assimilable mais proche de l’utopie : « le cinéma japonais
a une tradition bien établie de films érotiques (...). Il s’y mêlait parfois la revendication
radicale d’une liberté sexuelle en lien étroit avec l’exaltation politique des utopies qui
fleurissaient alors ».
- soit de l’illusion ou du fantasme de la perfection, de la beauté, de l’amour, de la jeunesse, du
rêve, des valeurs. La mode et la publicité seraient ainsi des « producteurs » d’utopies. Dans un
article du Monde daté du 27 février « La publicité vend la high-tech en jouant sur les valeurs
humaines », l’auteur constatait ainsi que plutôt que de parler de prix, de performances
techniques, les industriels de l’informatique préfèrent « nourrir une utopie, à partir de protraits
ou de mini-histoire ancrées dans la réalité. En 1999, sur les pages glacées des magazines,
l’homme est déjà libéré des contraintes quotidiennes grâce aux technologies de l’information :
dans la publicité, il est de nouveau autorisé à exprimé son aspiration à un ponde meilleur ». Le
retour de l’utopie est ici la conséquence de l’énonciation d’une idée trompeuse ou, pour le
moins, d’une anticipation habile et intéressée. L’utopie est ainsi indirectement, un argument
commercial.
2.3.1.7 . Les voyages, l’aventure, l’exotisme
L’importance des voyages dans la littérature qui se réclame ou se réfère à l’utopie trouve une
part de sa justification dans la figure de Raphaël Hytlodée, et dans celle de l’île située entre
deux « mondes » (l’Ancien et le Nouveau mais ni l’un ni l’autre comme le montre bien Louis
Marin).
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