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Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

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grands ensembles et <strong>de</strong>s cités jardin démiurgiques; la ville <strong>de</strong>s singes, c'est la ville émergente,<br />

le pavillonnaire individualisé, où chacun se débrouille et se méfie du politique. C'est comme si<br />

une équation (comment démocratiser un idéal aristocratique <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> château) avait <strong>de</strong>ux<br />

racines: Celesteville et la ville <strong>de</strong>s singes, l'ordre par la lutte collective contre le mal, et<br />

l'équilibre par son apprivoisement individuel.<br />

La quête d'un mon<strong>de</strong> parfait pour les enfants. Voilà ce qui anime Jean <strong>de</strong> Brunhoff. En<br />

famille? (L'album ne paraîtra qu'après sa mort.) A l'ai<strong>de</strong> du mon<strong>de</strong> idéal <strong>de</strong>s jouets et du père<br />

Noël? Ou bien encore ailleurs? Les <strong>de</strong>ux autres albums <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Brunhoff (Babar en<br />

famille, père Noël qui montrent un père fort au moment où Jean va mourir) présentent d'autres<br />

traits utopiques (famille idéale, usine à jouet) qu'on peut ici ne pas analyser en détail. Il<br />

convient <strong>de</strong> constater qu'une fois encore, la nature et la culture, l'archipel <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s fondé<br />

sur l'équilibre entre mouvement libre et cellule préservée, forment un idéal qui ne s'écarte<br />

guère <strong>de</strong> notre schéma d'hypothèse.<br />

Jean <strong>de</strong> Brunhoff meurt en 1937, d'une tuberculose osseuse. Babar est mort? Non.<br />

Vive Babar! Laurent reprend la couronne inventée par le père. Reprend-il ses modèles? Oui.<br />

Mais c'est moins ce qu'il assume que ce qu'il met en cause qui nous intéresse à présent.<br />

LA PRISE EN MAIN DU CHATEAU DE MON PERE<br />

UNE CRISE DES CHATEAUX IMAGINAIRE<br />

²Laurent <strong>de</strong> Brunhoff.<br />

Après la guerre, et pour cinquante ans, Laurent <strong>de</strong> Brunhoff continue l'œuvre <strong>de</strong> son<br />

père. Ce jeune peintre abstrait innove, modifie, continue, évolue. Pour étudier le lien entre son<br />

travail et l'utopie <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> château, il y a peut-être à distinguer trois pério<strong>de</strong>s: dans ses<br />

premiers albums, <strong>de</strong> 1948 à 1957, il semble continuer à faire vivre le mon<strong>de</strong> et le modèle<br />

paternel. De 1957 à 1965, il semble qu'une vraie crise créative l'amène à ré interroger ce<br />

modèle. A partir <strong>de</strong> l'édition américaine <strong>de</strong>s Babar, et <strong>de</strong> son passage à la télévision (1969), il<br />

est plus difficile d'être complet dans l'analyse, et nous nous contenterons d'analyser<br />

rapi<strong>de</strong>ment ce que <strong>de</strong>vient le thème <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> château dans quelques-uns <strong>de</strong>s albums publiés<br />

chez Hachette (<strong>de</strong> 1970 à 1988).<br />

Jean <strong>de</strong> Brunhoff avait construit un lieu familial idéal entre nature qu'on explore et<br />

ville qu'on dirige, tout en créant avec Celesteville et la ville <strong>de</strong>s Singes, <strong>de</strong>s modèles urbains<br />

associés à la nature. La reprise en filiation du travail paternel réaffirme le modèle utopique<br />

(mobilité/château). La prise en main du vaisseau paternel se fait en revisitant le mon<strong>de</strong><br />

paternel pour ce jeune peintre abstrait qu'est encore Laurent en 1948. Zéphir, auquel il<br />

s'i<strong>de</strong>ntifie facilement, part au pays d'Arthur, explore le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sirènes, d'abord (1948),<br />

puis, après un pique-nique familial (avec une vision <strong>de</strong>s noirs toujours coloniale en 1949),<br />

Babar découvre l'île aux oiseaux, (nouveau mon<strong>de</strong> idéal, tout en légèreté 1951). En<br />

agrandissant Celesteville et en mo<strong>de</strong>rnisant sa fête (1954), progressivement, la plume <strong>de</strong><br />

Laurent, modifie le rêve paternel: Celesteville est une ville avec un pont suspendu, <strong>de</strong>s<br />

constructions neuves et originales, <strong>de</strong>s rues, (et même, en 1973, avec <strong>de</strong>s grattes-ciel). Les<br />

seules maisons individuelles (cases <strong>de</strong>ssinées par son père) sont repoussées en périphérie.<br />

L'idéal très à gauche <strong>de</strong> Laurent à cette date l'invite donc toujours à concevoir que le bonheur<br />

<strong>de</strong> Babar est aussi celui <strong>de</strong> tous. Le goût pour un mon<strong>de</strong> naturel s'était affirmé dans l'île aux<br />

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