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Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

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Me <strong>de</strong> Ségur petite fille: la grand-mère élevée par les petites filles?) Cette exemplarité est<br />

celle <strong>de</strong> la punition (qui montre le mal) mais aussi celle <strong>de</strong> la vertu (qui montre le bien). L'un<br />

sans l'autre court à l'échec. Le père <strong>de</strong> Gizèle est trop faible, ne montre pas l'exemple. Ainsi,<br />

une famille Fleurville (opposée à une Fichini qui pense que le fouet est le meilleur <strong>de</strong>s maîtres<br />

ou à une MacMiche) peut sauver par l'exemple cumulé <strong>de</strong> la vertu et du cabinet <strong>de</strong> pénitence<br />

(inverse du jardin).<br />

Il y a surtout une utopie sociale, organisée autour du château. Mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s<br />

autres. "Fleur ville et Rose bourg", "Plaisance" il y a <strong>de</strong> l'utopie dans les noms <strong>de</strong> châteaux:<br />

mais se souvient-on <strong>de</strong>s "Belair" "Beau Rivage" "Bellevue" "Bagatelle" qui forment la<br />

toponymie habituelle <strong>de</strong> ces châteaux ordinaires du XVIIIème, <strong>de</strong> ces pavillons, ensuite, du<br />

<strong>début</strong> du vingtième siècle? "Sam Suffit" "Monplaisir" "Villa bonheur..." <strong>Au</strong> centre, le château,<br />

parfait lieu <strong>de</strong> vie, parfait lieu d'enfance (voir les jouets offerts) mon<strong>de</strong> à part (lorsqu'on garnit<br />

une maison <strong>de</strong> pauvre on gar<strong>de</strong> ce qui est utile pour une maison comme la nôtre). Vêtement,<br />

lit et meubles, repas, jardin <strong>de</strong> rose, verger... Parc aux animaux, domestiques d'abord, semi<br />

sauvages ensuite, puis, en périphérie les autres mon<strong>de</strong>s tous dominés, parfois dépendances du<br />

château: le bois <strong>de</strong>s moulins, forges, <strong>de</strong>s pauvres <strong>de</strong>s vagabonds ou <strong>de</strong>s sauvages animaux, la<br />

route qui relie aux autres château ou aux mon<strong>de</strong>s plus lointains, d'où viennent les voitures et<br />

diligences affolées, rapi<strong>de</strong>s, dangereuses, villes lointaines dont il faut bien dire qu'on a rien à y<br />

gagner "qu'on est bien aise <strong>de</strong> les quitter", lieu <strong>de</strong> la maladie (Roger), alors qu'au château la<br />

rage se guérit par <strong>de</strong> l'eau salée. Plus loin les colonies, terrain <strong>de</strong> la guerre, bateaux risquant le<br />

naufrage. Pour les autres, ceux qui ne sont pas du château, qui sont <strong>de</strong> l'auberge ou <strong>de</strong> la<br />

ferme, l'idéal reste <strong>de</strong> se rapprocher du service du château (Dourakine).<br />

Une tension dans l'utopie: la vie <strong>de</strong> château menacée.<br />

Système cohérent conservateur. Dieu veut le salut <strong>de</strong>s bons et les ai<strong>de</strong> en sa provi<strong>de</strong>nce. Le<br />

chemin du bien est à tous offert. L'éducation consiste à en montrer l'exemple, la sanction du<br />

bien est récompense, celle du mal, correction. Le château est lieu idéal que la bonté <strong>de</strong>s<br />

maîtres doit maintenir en équilibre face au mal. Or, même si ce modèle en poupée russe a une<br />

cohérence, il comporte aussi <strong>de</strong>s tensions voire <strong>de</strong>s contradictions internes, qui font d'ailleurs<br />

l'essentiel <strong>de</strong> l'intérêt <strong>de</strong> l'œuvre <strong>de</strong> Ségur. L'intérêt romanesque, certes, mais aussi l'intérêt<br />

pour notre sujet, car, Madame <strong>de</strong> Ségur est une praticienne <strong>de</strong> l'utopie et <strong>de</strong> l'enfance, au<br />

contraire <strong>de</strong> Berquin, son petit mon<strong>de</strong> vit, meurt, parfois, parce qu'il s'ancre dans ces dédicaces<br />

essentielles pour saisir ce qui fit le succès et la valeur <strong>de</strong> ces livres. Elle écrit à <strong>de</strong>s enfants, en<br />

leur montrant, parfois par l'absur<strong>de</strong> (Cadichon, Gisèle, Sophie...), comment ces tensions se<br />

résolvent.<br />

Contradiction morale et religieuse avec le modèle éducatif, tout d'abord. Si l'exemplarité fait<br />

tout, comment tenir compte <strong>de</strong> la provi<strong>de</strong>nce? Et ceux qui comme Sophie ou le bon petit<br />

diable ou Gizelle sont gâtés par <strong>de</strong> mauvais modèles? Et ceux qui ont les mêmes modèles<br />

(mauvais génie, Jean qui grogne)? Et ceux qui sont mala<strong>de</strong>s (Roger?) L'exemplarité peut-elle<br />

aller jusqu'à changer ces mères folles ou ces pères vi<strong>de</strong>s? Ce ressort dramatique permet les<br />

plus gran<strong>de</strong>s réussites par i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s enfants à la lutte. Mais il laisse une part <strong>de</strong> doute<br />

double, sur les voies du salut et celles <strong>de</strong> l'éducation.<br />

Contradiction, surtout, et c'est celle là qui nous intéresse, du modèle social avec les autres.<br />

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