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Plan Urbain Lettre de commande n°09 Emmanuel Eveno Au début ...

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château pour moi. Ni sé<strong>de</strong>ntaire, ni noma<strong>de</strong>. Double rési<strong>de</strong>nce. Ni ville ni campagne. Maîtrise<br />

<strong>de</strong> l'espace. Rêve <strong>de</strong> nature. Lieu où le pouvoir urbain ne s'exerce plus. Et où celui <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s<br />

privés peut-être défié. Fin surtout <strong>de</strong> l'utopie <strong>de</strong>s vacances, du vert paradis <strong>de</strong>s amours<br />

enfantines, condamné par le temps "qui tourne comme les ailes d'un moulin." La rentrée<br />

revient et "l'hermitte" doit fuir l'automne et ses orages pour entrer, interne, au lycée, fermant<br />

<strong>de</strong>rrière lui la porte <strong>de</strong> sa famille, fuir les jeux lumineux pour le temps <strong>de</strong>s secrets, admettre<br />

l'obstination du temps à passer, même sous le Garlaban couronné <strong>de</strong> chèvres". Paul, qui,<br />

voulait rester en vacances, sera le "<strong>de</strong>rnier chevrier". Et la couronne, du roi, <strong>de</strong>s fleurs, suit le<br />

pas <strong>de</strong>s chevaux sous la pluie, pour la surprise <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> maman: "telle est la vie <strong>de</strong>s<br />

hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire<br />

<strong>de</strong> le dire aux enfants."<br />

Réfléchir à cette <strong>de</strong>rnière phrase, doit d'abord explorer l'émotion qu'elle fait naître. On se<br />

rapproche dangereusement <strong>de</strong> nous. Utopie familiale vue du côté <strong>de</strong>s adultes, <strong>de</strong>s mères, en<br />

particulier, qui cherchent ces maison <strong>de</strong> campagne, pour voir courir les enfants qui toujours<br />

leur échappent (voir Sido dans la maison <strong>de</strong> Claudine). Les enfants ne savent point que cela va<br />

finir. Les parents, si, bien entendu. Dans ce récit, un idéal <strong>de</strong> vie se constitue. On se rapproche<br />

<strong>de</strong>s rêves <strong>de</strong> la génération <strong>de</strong>s années Giscard, qui quittèrent le rural pour <strong>de</strong>s chambres<br />

étroites en ville, puis pour les appartements clairs <strong>de</strong>s grands ensembles, puis pour leur<br />

pavillon, jardin, tourisme, nature, achetant ou récupérant une rési<strong>de</strong>nce secondaire à l'air pur,<br />

authentique. Avec Pagnol, le pavillonaire avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> mobilité et <strong>de</strong> nature s'inscrit déjà en projet<br />

dans son espace. Une réalité se prépare à <strong>de</strong>venir ce qui est notre présent. La Treille, c'est la<br />

commune <strong>de</strong> Marseille, Pagnol vend le château à un pavillonneur. Lotissement du château,<br />

sans doute. Là où <strong>de</strong> Brunhoff tentait <strong>de</strong> poser un roi au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s égaux, pour assurer un<br />

bonheur commun par l'étu<strong>de</strong> et la culture, Pagnol, lui, par avance, comme Zéphir, réfute<br />

sereinement la voix et la voie <strong>de</strong> son père. Il n'est pas nécessaire d'assurer le bonheur ou la joie<br />

<strong>de</strong> tous les hommes. Le mon<strong>de</strong> est dur. La réussite n'a rien à voir avec la morale que les<br />

professeurs disent aux enfants.<br />

Le statut utopique <strong>de</strong> la littérature enfantine<br />

Il n'est pas nécessaire <strong>de</strong> le dire aux enfants. Prétérition. Qu'est ce qui est nécessaire? Que<br />

nous dit la littérature enfantine sur l'utopie <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> château. Pourquoi faire le détour par<br />

ces traverses? A cela il y a <strong>de</strong>ux réponses. La première est que la littérature enfantine a, EN<br />

TANT QUE GENRE, à voir avec l'utopie. La secon<strong>de</strong>, qui en découle, c'est que la littérature<br />

enfantine a à voir, EN TANT QUE FONCTION, avec ce qui est refoulé par l'état<br />

institutionnel (et donc, ici, républicain). Cet espace originel à plusieurs génération forme<br />

culture, contribue aux habitus, s'exprime comme un inconscient.<br />

Ce que les adultes donnent à lire aux enfants (ou à voir et entendre, si on étend aux <strong>de</strong>ssins en<br />

ban<strong>de</strong>, animation sur écran ou console) informe. Les instruments manquent pour mesurer la<br />

marque dans l'imaginaire <strong>de</strong> cette forme-là dans l'éducation globale entre l'école, la vie<br />

familiale... Négligeable, contingente ou essentielle, cette forme est un produit social.<br />

Consciemment ou non, elle exprime donc ses tensions et intentions organisationnelles.<br />

Qu'implique le fait d'adresser une forme aux enfants: qu'est ce qui est explicité?<br />

Consciemment masqué (implicite, voire manipulation)? Inconsciemment transmis<br />

(psychanalyse <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fée)? Quelles formes structurelles, langagières, morales, sousten<strong>de</strong>nt<br />

ces formes? Le choix <strong>de</strong>s valeurs est-il le décalque <strong>de</strong> la société adulte? En est-il, au<br />

contraire, le miroir inversant, ou le négatif contradictoire? Est il une régression (s'adresser aux<br />

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