On a volé le Big Bang - Margelle

germains. ma préférence allait au Woo Woo, je l’aurais quant à
moi orthographié Wow ! Wow ! mais peu importe.
Oriane mit à profit mes hésitations pour développer son exposé,
une sorte de « De profundis foutribus adsperges me », titre qui
vous aura convaincu que je ne suis qu’un piètre latiniste. L’ennui
était qu’elle se mit, innocemment, à activer son pouvoir de trou
noir sans que je puisse réagir.
Je portai le Sadie Smasch à mes lèvres, insouciant des hurlements
de plaisir en provenance de l’espace réservé aux hôtesses quand
ses commentaires inspirés sur l’hydrogène stellaire firent une fois
encore monter une coulée de sperme le long de ma verge. So long
Sadie Smasch, il s’était répandu dans le couloir. Je m’accrochai
fermement au Woman Warrior, et me bouchai les oreilles à l’aide
de ces boules de cire mises à disposition des passagers en première.
Ça avait marché pour ulysse alors pourquoi pas pour moi ? Le
bruit des réacteurs et l’agitation des hôtesses chassant mon âme
de toute autre agitation la plongeoient dans une rêverie delicieuse
où la nuit me surprenoit souvent sans que je m’en fusse apperceu ;
le flux et le reflux paisible de ses lèvres roses et bien ourlées, le
souffle continu mais renflé par intervalle de sa gorge frappant sans
relâche ma virile poitrine suppléoient aux mouvements internes
que la rêverie éteignoit en moi et suffisoient pour me faire sentir
avec plaisir mon existence et cette dure colline bombée qu’elle
palpoit sans prendre la peine de penser, tout cela m’emplit alors
d’une douce chaleur et je ne pus m’empêcher de voir que, prise
d’une subite émotion, elle venoit de relever l’échantillon de daim
qui lui servoit de jupe pour laisser quasiment apparaître l’ombre
de ce qui devait être son trou noir.
J’avais dû penser à haute voix car elle me glissa d’une voix trouble :
« Behave yourself, Jean-Jacques. » Je m’empressai de regagner ma
réalité ordinaire qui n’était pas moins érotique, pour une sixième
promenade d’un rêveur très peu solitaire.
Comme dans l’Orange mécanique quelqu’un m’avait cousu
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