On a volé le Big Bang - Margelle

Le Pèlerin
Je suis arrivé en Sicile par l’ancienne route des Phéniciens.
J’ai fait la traversée debout, à la proue du navire, et c’était bon.
ma peau s’est couverte du sel des embruns de la méditerranée.
ulysse est passé par là, j’ai senti pas très loin les détours obscurs
de Charybde et Scylla. Notre mémoire est jeune, je pouvais même
remonter plus haut, quand les collines proches de ce roc sentinelle
se sont effondrées et que l’Océan est venu enfanter notre mer des
terres médianes dans un chaudron de sorcière.
mon corps ne s’est pas défait comme je l’avais espéré, je reste
maigre, sec et basané. mais je n’ai plus l’air brûlé, seul mon cœur
l’est. Dans le regard des gens j’ai lu les mots de « fanatisme » ou
de « sainteté ».
La fantaisie m’a pris d’aller visiter erice, ce sanctuaire de
Vénus. Dans ce village haut perché en bord de mer de grandes
ombres nous enveloppent en courant. Ce sont les nuages qui
marchent dans les rues et qui ont donné aux habitants ce sens du
sacré.
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