On a volé le Big Bang - Margelle

– Je vais lire ce bouquin, assura le vieil homme, il y a un chapitre
ou deux là-dessus.
– Bonne idée, dit Dieu. Je suis fatigué des hommes, ça, tu l’as
bien mis en évidence. mon fils a pleuré au Jardin des Oliviers.
moi, je suis las, il y a trop de bruit en ce monde, le Schéol tremble
et se défait.
– Je te comprends, dit d’Ormesson, trop c’est trop. alors tu te
retires ?
– Ce n’est pas aussi simple que ça. Je reprends ma motivation
première. Que va-t-il manquer aux hommes quand tout se défera ?
– Les matins, réfléchit d’Ormesson, le monde n’est fait que de
matins.
Il hésita : « C’est une terrible décision… »
– J’ai fait l’homme pour qu’il me voie. et aussi pour me voir
dans ses yeux
– et ?
– Jusque-là j’ai survécu, dit Dieu
– Il y a, dit l’académicien, chez l’homme, vis-à-vis de toi,
un certain côté « Vous habitez chez vos parents… » à peine
supportable.
– tu avais remarqué ?
– Pardonne-moi, mais où iras-tu… après ?
– après ? J’irai rejoindre mes angles. Ceux que vous nommez
Bouddha, allah, le Grand esprit. tous les Dieux de cette terre.
Je m’unifierai. J’irai surtout me fondre dans ma famille. Chez les
miens. Cette grande couronne de lumière tranquille où peuvent nous
rejoindre les âmes apaisées.
– et nous ?
– Il faudrait une nouvelle illusion. un peu de lumière vive. un
armageddon.
mais avec de l’amour.
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