On a volé le Big Bang - Margelle

Je me laissai aller, d’une traite je l’avoue. tout ce qui avait
été réprimé par les bâillons sophistiqués de Laura, pute ou mère
supérieure, je m’en contrefous, me gicla de la bouche à une telle
vitesse que des années après je devrais en rester baba, si notre
univers apparemment compromis survivait.
– très Saint Père, fis-je avant qu’il n’ait le temps de me stopper,
il est temps de penser à la relève. J’ai bien observé votre doublure,
elle est crédible bien qu’elle ait tendance à capoter sur des détails.
Il nous faut du sang neuf, acceptez cette idée.
– mais personne ne pourra Nous remplacer dit le vieil homme
d’un air finaud. Ne sommes-Nous pas Pierre et cette maison
n’est-elle pas bâtie sur Nous ?
Je n’allais pas entrer dans un débat à enterrer vif un collège de
jésuites.
– mon père, je connais votre successeur.
– Santa madonna ! s’exclama-t-il. Vous êtes plus fort que le
collège des cardinaux, s’exclama-t-il en oubliant pour la première
fois de me donner du « Notre très cher fils ». Quel est le traître
qui convoite le fauteuil de Pierre ?
– mais personne d’ici, l’assurai-je, un homme modeste, polonais
comme vous, qui possède une bonne santé et une certaine idée du
monde des hommes.
– Je suis intrigué fit le Pape. Quel est donc son nom s’il ne
réside point en ces murailles ?
– Wolinski, très Saint Père, c’est un dessinateur connu en
France.
– Quelle horreur, s’écria aussitôt l’homme en blanc, quelle
horrible horreur, j’en perds mon latinski. est-ce donc pour
m’insulter que Notre très cher fils s’est rendu ici ?
– Non, mon Père, et si vous me donnez une minute d’horloge,
je vais étayer ma conviction.
– Soit, bougonna le Pape. en d’autres temps, Notre très cher
fils, cela vous aurait mené tout droit chez le grand Inquisiteur,
sachez-le.
– Je le sais, mon Père, je n’ai que de bonnes intentions…
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