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On a volé le Big Bang - Margelle

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destinés à capturer <strong>le</strong> regard des mâ<strong>le</strong>s. Les amarres de la toi<strong>le</strong><br />

lui semblèrent venir des cieux, matias ne touchait plus terre, il<br />

planait en vérité, il devait déjà entrevoir d’autres horizons, une<br />

éternel<strong>le</strong> frontière. Oriane noua <strong>le</strong> dernier nœud, discret, élégant,<br />

nul<strong>le</strong>ment contraignant. el<strong>le</strong> lui parla à l’oreil<strong>le</strong> et il lui dit tout<br />

ce qu’el<strong>le</strong> voulait savoir. Que <strong>le</strong> tsimtsoum et <strong>le</strong> <strong>Big</strong> <strong>Bang</strong><br />

étaient deux interprétations de l’Origine-création, que l’univers<br />

était peut-être né de hautes températures mais qu’il était aussi<br />

l’éjaculation d’un Dieu. Il lui dit que seul son créateur avait pu<br />

reprendre <strong>le</strong> <strong>Big</strong> <strong>Bang</strong>, il lui répéta vers la fin du sixième orgasme<br />

qu’il n’y avait pas d’avant, pour nous du moins, que seul Dieu<br />

avait pu exister avant l’avant.<br />

– et il n’y aura pas d’après, lui dit-el<strong>le</strong> avec tendresse, pressant<br />

ses lèvres si joliment ourlées contre <strong>le</strong>s yeux du supplicié et lui<br />

donnant son septième et ultime orgasme, <strong>le</strong>nt, coulé, volcanique et<br />

interminab<strong>le</strong>. D’un doigt négligent el<strong>le</strong> resserra <strong>le</strong> chiffon de soie<br />

indienne enroulé autour de sa langue, libéra une petite mais fata<strong>le</strong><br />

bretel<strong>le</strong> de nylon, <strong>le</strong> vit se tendre au terme d’une extase qui devait<br />

ressemb<strong>le</strong>r à l’explosion originel<strong>le</strong> et disparut. D’un pas dansé.<br />

La sono se renforça. J’étais assis au premier rang, une faveur<br />

d’anthelme assez diffici<strong>le</strong> à obtenir. Il avait dû déplacer une<br />

texane d’âge mûr qui assistait à toutes ses présentations. en lui<br />

faisant valoir que j’étais ministre et que ce geste pourrait lui valoir<br />

une invitation à l’Élysée. Je lui avais adressé un sourire entendu<br />

tout en touchant <strong>le</strong> revers de ma veste, lui suggérant l’oubli<br />

volontaire de ma rosette. À voir son expression bovine – pardon<br />

<strong>le</strong>s vaches – c’était exagéré. L’attente m’avait paru interminab<strong>le</strong>.<br />

Je savais très bien que <strong>le</strong>s modè<strong>le</strong>s, anthelme et même masque<br />

pouvaient nous observer, comme <strong>le</strong> font <strong>le</strong>s gens de théâtre<br />

avant que ne se lève <strong>le</strong> rideau. Je pris un air impassib<strong>le</strong>, mon<br />

cœur ne l’était pas. un grand type, genre rital ou sud-américain<br />

se <strong>le</strong>va près de nous et bouscula toute la rangée sans s’excuser.<br />

Son sty<strong>le</strong> détonnait passab<strong>le</strong>ment, il avait l’air d’un savant mal<br />

fagoté ou d’un artiste qui s’en fout. Il navigua en direction des<br />

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