On a volé le Big Bang - Margelle

les filles étaient vautrées dans des fauteuils, en peignoir aux armes
d’anthelme et s’inspectaient les ongles des pieds ou utilisaient
leurs portables pour diffuser les derniers gossips. C’était une
ambiance de harem, aucune n’était désirable, toutes affichaient une
profonde expression d’ennui.
Les professionnels utilisaient une triple classification pour ces
filles. Il y avait tout en bas the Base-ou les troupes et c’étaient
les « pas dommage ». On leur demandait parfois de se rendre
au domicile d’un riche client ou d’une relation d’affaire. et de
faire ce qu’il fallait. en cas de refus il n’était pas difficile de les
remplacer, l’offre étant très supérieure à la demande. a l’échelon
suivant il y avait les hopes, celles qui étaient l’espoir de devenir
d’éphémères stars, éventuelle ment. et bien sûr il y avait the
cream, le gratin, que l’on essayait de conserver sous contrôle
le plus longtemps possible. mais ça ne durait guère, c’était un
matériau terriblement instable. et influençable.
Oriane était un cas à part. elle acceptait de temps à autre les
demandes d’anthelme, pour le plaisir de se tester ou comme
une entomologiste qui aime se pencher sur les mœurs d’espèces
particulièrement rares. elle arrivait toujours fraîche et de bonne
humeur, les tenues qu’elle devait porter étaient invariablement
prêtes, elle n’avait pas eu la plus petite altercation avec le Lumpen
Proletariat féminin de l’endroit, dans son sillage il y avait environ
trente centimètres de silence. À son passage les conver sations
se taisaient. Les filles n’avaient pas assez d’imagina tion pour la
craindre et anthelme qui l’adorait et la payait bien se creusait
la tête pour deviner ce que faisait la nuit cette belle de jour. Il
avait peu de chances de le découvrir. mais il ne manquait pas
d’éjaculer dans son pantalon quand il lui ajustait lui-même ses
récentes créations. Oriane en était très consciente mais elle le
trouvait mignon. entre les deux, une relation de complicité s’était
établie. Ça baignait.
Les attachées de presse terminaient leur boulot dans un désordre
apparent. Chaque siège était soigneusement attribué des mois
72