On a volé le Big Bang - Margelle

Ça me parut dangereux et – j’ignore pourquoi – j’attrapai un
flash back qui me réexpédia à Casablanca.
Clinton avait tenu à me voir. J’étais un peu embarrassé de
lui rendre visite après les commentaires pas trop élogieux que
je venais de faire à son sujet. mais l’assurance d’un cortège
de limousines aussi blindées qu’officielles, le drapeau étoilé à
l’avant, la garantie d’un passage par le tunnel est de la maison
Blanche (cessons un instant de la nommer Casablanca, voulezvous
?) et l’idée de rencontrer cette fameuse Barbara qui venait
d’accéder au poste de S.P.e.r.m.a. (Secrétaire Perpétuelle au
matriarcat américain) m’avaient tenté et j’avais cédé. Barbara
dirigeait également le projet Cassandre (Casablanca Sub Secret
and revolving experiences), le plus clair de son job consistait à
confesser le Président plusieurs fois par jour.
– C’est très bien, avait commenté Oriane. tu étais devenu
vraiment trop pontifiant, tu sais ? Va t’amuser un peu. Car demain
nous mourrons.
Sans commenter ces fortes paroles je lui demandai de
m’accompagner mais elle refusa en disant qu’elle verrait « ce
mec » plus tard. Les femmes vous savez… Ce que femme veut,
Dieu le veut. L’ennui était que Dieu ne savait plus ce qu’il voulait
faire de nous et qu’il m’avait refilé le dossier. Bref…
– Hi Jack ! avait fait Clinton en déclenchant sans le savoir une
DeFCON V autour de air Force One, vous êtes central dans toute
cette histoire, je le sais.
– C’est vrai, admis-je, mais je n’en ai pas la moindre putain
d’explication.
– et vous dites beaucoup de mal de l’amérique, ajouta-t-il.
C’est réellement… embarrassant.
– William Jefferson, dis-je très formel, c’est exact. mais qui
aime bien châtie bien. J’adore votre pays et je trouve que vous le
dirigez bien.
– Well, dans la mesure où un Président dirige quelque chose,
fit-il avec son air bon enfant.
– Je l’adore mais il m’est devenu impossible de dissocier amour
et haine quand je pense à lui.
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