On a volé le Big Bang - Margelle

et se dirigea vers nous.
Ce Waechter-là était en quelque sorte l’antithèse de l’autre. Il
était grand, maigre, il ne souriait pas.
Je devinai qu’il ne s’approchait pas des femmes, ce type avait
franchi quelque vingt siècles d’un seul bond. C’était une sorte
d’e.t. avec quelque chose de très bon dans le regard.
– Je parlerai maintenant, dit-il à Géronimo qui s’inclina aussitôt.
À vue de nez on ne badinait pas avec le Grand rabbin. un silence
se fit et sans prévenir il nous bascula dans son univers.
Je m’initiai à la théorie du tsimtsoum. Je ne sais pas si je
l’orthographie correctement – probablement pas – mais je me
souviens parfaitement de cette description du Big Bang selon les
croyances juives et elle m’intéressa beaucoup.
Dieu, avant de créer ces illusions que nous nommons temps
et espace, Dieu vivait en Sa parfaite Harmonie. Sa splendeur
réverbérée par le chœur des anges. Il se savait et ne se savait
pas. Comment le dire ? Les mots sont faibles devant la verticale
iridescence de Son Harmonie, retenez toute description qui vous
conviendra.
Le rabbin posait ce décor d’avant la création, il le faisait
avec art et nous encourageait à trouver nos propres images pour
évoquer les couleurs du Palais Céleste.
Il ne se passa aucun temps, affirma-t-il, avant ce qui sera pour
nous l’après, car le temps n’existait pas encore, et personne ne
se déplace dans un espace qui est Son corps glorieux. Dieu, si
penser se peut, conçut un doute. Il lui faudrait peut-être créer
de nouvelles dimensions et une vie aléatoire pour qu’Il soit
vu. Il projetait déjà l’Homme-miroir. Ce qui aurait pu être un
doute serait un acte de Son infinie bonté. en Lui rien ne pouvait
37