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On a volé le Big Bang - Margelle

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Ça m’intéressa vivement. mais il ne m’en dit pas plus. Peutêtre<br />

n’en savait-il pas plus ? À ce point nous décidâmes de nous<br />

offrir un bon cocktail. Le barman, un ado boutonneux qui ignorait<br />

tout de l’art zygomatique de retrousser ses babines nous servit un<br />

mix infect de ce qu’il prétendait être deux manhattan. Sa morgue<br />

fondit comme <strong>le</strong>s territoires occupés quand je lui fis entrevoir<br />

un bil<strong>le</strong>t de cent dollars. ah ! l’amérique, si el<strong>le</strong> n’existait pas…<br />

Nous convînmes donc de l’envoyer sur <strong>le</strong> lac tibériade pour voir<br />

si nous y étions et il nous laissa l’usage de son armoire vitrée qui<br />

contenait quelques produits de première nécessité.<br />

Ça n’était ni <strong>le</strong> Pérou ni la terre Promise. J’en fis l’inventaire.<br />

Pas question de préparer un Carolina, il n’y avait pas une once<br />

de grenadine ni de cannel<strong>le</strong> en poudre. Ni un HammerHead, ni<br />

un Fidel Castro (c’est un abus de langage), ni, ni… andrew me<br />

suivait avec une certaine admiration et une soif certaine. tout<br />

ce que je pus lui proposer fut un Litt<strong>le</strong> Princess – quatre doses<br />

de rhum blanc et deux doses de vermouth doux – et encore, en<br />

n’étant pas trop regardant sur l’origine des produits, ils auraient<br />

faci<strong>le</strong>ment mis du pétro<strong>le</strong> dans la bouteil<strong>le</strong> de rhum si ce n’était<br />

la récente augmentation des cours du brut. Il y avait un shaker, il<br />

y avait de la glace.<br />

Le fameux moment était-il arrivé ?<br />

Il semblait que oui, d’autant plus qu’une superbe silhouette<br />

féminine venait de se glisser dans la cafette, jeux d’ombres et de<br />

lumières. Quel<strong>le</strong> étrange destinée que de réaliser son fantasme<br />

<strong>le</strong> plus sérieux dans un lieu si banal, en fin d’après-midi, perché<br />

sur un tabouret de bar qui avait connu des jours meil<strong>le</strong>urs et en<br />

compagnie de la SSS ! Fascinant ! tout autant que la silhouette de<br />

rêve qui mettait <strong>le</strong> cap sur nous.<br />

Je me préparai à mixer une troisième Princesse pour fêter<br />

l’arrivante quand mes yeux s’écarquillèrent d’horreur, mon sang<br />

se figea, je me mis à suder comme un marrane et autres petits<br />

comportements souvent nommés troub<strong>le</strong>s psychosomatiques,<br />

trouil<strong>le</strong>, pétoche, chocottes ou réactions émotionnel<strong>le</strong>s.<br />

Je venais de reconnaître l’arrivante.<br />

C’était Laura.<br />

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