On a volé le Big Bang - Margelle

Plus mort que lui, c’était difficile. Je l’examinai sans perdre de
temps, pas trace de coups, de lame ou d’arme conventionnelle.
aucune ficelle étrangleuse au cou, le pantalon était sagement
fermé, les poignets vierges de traces de menottes. Géronimo
paraissait surpris et presque content. Content mais… cocu,
grommelai-je, comme dans la chanson. Là-dessus il se mit
à se décomposer comme l’autre. Pour une fois ce n’était pas
ma moquette vieux rose, mais je me fis la réflexion que l’on
commençait à mourir beaucoup dans cette histoire. Jamais deux
sans trois, j’allais surveiller mes arrières.
Chercher la femme ? Ce fut ma première idée, vite abandonnée
quand je vis les feux arrières d’un petit quatre-quatre s’éloigner
dans la nuit. J’aurais pu jurer que le bourdonnement du moteur
était accompagné d’un rire subtil et perlé.
Je ramassai un masque près de la porte, dans la haie et le fourrai
dans ma poche. un cheveu blond roux y restait accroché. Ça ferait
l’affaire de ma sœur Lô, on n’a pas décodé le génome de l’aDN
pour rien. Il me fallait d’urgence quelque chose pour me soutenir
le moral. aucun doute, un bon vieux classique, le mS Dios (mint
Sunrise de Dios) ferait l’affaire, à moins que… Je me décidai pour
un mojito. récupérant ma mallette de démo je mixai savamment
quatre doses de rhum blanc, deux doses de jus de citron vert frais,
une cuillère à café de sucre et (de mon cru) une cuillère à sucre de
café finement moulu, le tout additionné de quelques feuilles de
menthe et d’un large trait d’angustura, à la température du bordel.
Les feuilles de menthe me rappelèrent quelqu’un : masque avait
les yeux verts. Je finirai bien par t’attraper, sifflai-je, je connais
tes jambes, ta chevelure, ton sourire et la couleur de tes yeux. et
même ta manie de tuer les gens puis de t’éclipser comme une fille
Krak. 7 À bientôt masque, je te dégusterai lentement. Comme un
fruit de mer. Je casserai ta coquille d’absence et j’aspirerai tes
horribles lèvres roses et noires dans un délire salé.
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