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1545<br />
G<strong>au</strong>fridi.<br />
76 histoire des guerres du comté venaissin.<br />
77<br />
trouva dans <strong>ce</strong>s lieux furent impitoyablement mis à<br />
mort ou conduits à Aix, sur le refus qu’ils firent de déclarer<br />
les retraites de <strong>ce</strong>ux qui avaient pris la fuite.<br />
Au milieu des désordres qu’occasionnèrent <strong>ce</strong>s<br />
voies de fait, les choses saintes ne furent pas toujours<br />
épargnées. A puipin, l’église fut forcée, deux cali<strong>ce</strong>s,<br />
l’ostensoire, la croix, les ornements d’<strong>au</strong>tel, les ustensiles<br />
des fonts baptism<strong>au</strong>x et jusqu’à la cloche furent<br />
enlevés. les paysans des environs, surtout <strong>ce</strong>ux de<br />
la Bastide-des-jourdains, de Grambois, de Montjustin<br />
et de Montfuron, furent <strong>au</strong> pillage avec leurs femmes.<br />
On les voyait retourner chez eux si chargés, qu’à peine<br />
pouvaient-ils marcher. les gens de qualité voyant que<br />
tout <strong>ce</strong>la se faisait impunément, coururent <strong>au</strong> pillage<br />
avec <strong>au</strong>tant d’avidité que les paysans. Ce fut <strong>au</strong>x uns et<br />
<strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres, be<strong>au</strong>coup plus qu’<strong>au</strong>x gens de guerre, qu’on<br />
attribua tous <strong>ce</strong>s ravages.<br />
Toutes les troupes se réunirent devant Merindol le<br />
18 : elles comptaient y trouver quelque résistan<strong>ce</strong>; mais<br />
les habitants avaient abandonné la pla<strong>ce</strong> et s’étaient retirés<br />
à Cabrieres du Comtat. un seul, M<strong>au</strong>ri<strong>ce</strong> Candide,<br />
qui s’y trouva, fut passé par les armes pour avoir été<br />
vu parmi les rebelles et pour son refus d’abjurer l’hérésie.<br />
les commissaires voulaient <strong>ce</strong>pendant lui donner<br />
la vie, mais Guerin ayant crié plusieurs fois tolle,<br />
il fut attaché à un olivier et expédié de cinq coups<br />
d’arquebuse. Ce fut là un des griefs que d’Aubery releva<br />
principalement dans son plaidoyer, lorsque <strong>ce</strong>tte<br />
c<strong>au</strong>se fut revue par le parlement de paris ; mais il exagère<br />
prodigieusement dans le récit qu’il fait d’<strong>au</strong>tres<br />
prétendues cru<strong>au</strong>tés exercées à Merindol, puisqu’il<br />
ne s’y trouva que le seul Candide. Sleidan en impose<br />
<strong>au</strong>ssi quand il dit qu’il y eut plus de trois mille per-<br />
sonnes égorgées dans <strong>ce</strong>tte seule occasion. la peinture<br />
touchante que fait, <strong>ce</strong>t <strong>au</strong>teur de la prise de Merindol,<br />
est presque toute de son invention et faite à plaisir, pour<br />
rendre les commissaires et les soldats plus odieux.<br />
Cabrieres fut investi le lendemain, jour de dimanche.<br />
le premier président et les <strong>au</strong>tres commissaires, dont<br />
la présen<strong>ce</strong> n’était pas né<strong>ce</strong>ssaire en <strong>ce</strong>tte qualité,<br />
s’étaient arrêtés <strong>au</strong> châte<strong>au</strong> d’Oppedes ; le baron de la<br />
Garde, chargé de réduire la pla<strong>ce</strong>, fut renforcé d’un nouve<strong>au</strong><br />
corps de troupes du Comtat, amené par Molans,<br />
capitaine d’artillerie. C’était plus qu’il n’en fallait pour<br />
emporter Cabrieres : <strong>au</strong>ssi fit-il retirer une grande partie<br />
des vieilles troupes qui furent loger à Cavaillon avec<br />
toute le mili<strong>ce</strong> de proven<strong>ce</strong>. les habitants, sommés de<br />
se rendre, répondirent par des injures, appelant les catholiques<br />
des noms de caffards, de papistes, d’idolâtres.<br />
Alors le baron de la Garde fit jouer l’artillerie. les assiégés<br />
se défendirent vigoureusement, de manière<br />
qu’ils tuèrent un <strong>ce</strong>rtain nombre de gentilshommes et<br />
de braves soldats dans les premières attaques. le baron<br />
d’Oppedes, informé de <strong>ce</strong>tte résistan<strong>ce</strong>, ramena<br />
de Cavaillon les vieilles bandes pour renfor<strong>ce</strong>r les assiégeants,<br />
et fit retirer la cavalerie qu’il jugea inutile:<br />
dès lors, le siége fut pressé si vivement, que les assiégés,<br />
se voyant sur le point d’être emportés d’ass<strong>au</strong>t,<br />
se rendirent à discrétion, toute <strong>au</strong>tre capitulation<br />
leur étant refusée. le lieutenant de vi<strong>ce</strong>-légat entra<br />
dans la pla<strong>ce</strong> ; les femmes et les enfants furent gardés<br />
dans l’église, et les hommes renfermés dans les salles<br />
basses du châte<strong>au</strong>. On avait pour lors si peu dessein<br />
1545<br />
Sleidan,<br />
liv. XvI.<br />
Fantoni.<br />
Aubery.