Télécharger/lire ce livre au format pdf - Entrechaux

1570
Fantoni.
266 histoire des guerres du comté venaissin.
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gros canons et par le feu des barques, lorsque louis de
nassau revint de l’autre bord avec ses gendarmes et
cent vingt hommes des plus déterminés, traînant une
couleuvrine et d’autres petites pièces de canon à force
de bras, au travers du fleuve ; il commença par écarter
les barques, et fut ensuite droit aux lignes des catholiques
qu’il mit en désordre.
le passage resta libre par la retraite de Gordes.
l’amiral fit construire de l’autre côté un second fort
semblable au premier, comme s’il eût eu dessein de s’y
arrêter. Il voulut encore s’assurer d’une forte tour qui
était là tout près, dans laquelle il y avait quelques soldats
; et dédaignant la force ouverte pour s’en emparer,
il en vint à bout par cette ruse: il fit habiller quatre
jeunes hommes en femmes qui furent à la tour, sous
prétexte de moudre du blé ; lorsqu’ils y furent entrés,
ils se jetèrent sur les soldats, les tuèrent et se rendirent
maîtres de la tour.
damville ayant appris que l’amiral était retourné
dans le vivarais, vint l’en déloger, et il le poursuivit
jusque dans le velai. les troupes du dauphiné et du
Comtat crurent lui couper le chemin en passant le
Rhône à Tournon, mais il ne put être atteint ni rencontré.
Il se retira dans le Forez avec les princes qui
l’avaient joint à la voutë. Montbrun retourna sur ses
pas pour faire des recrues dont l’armée de l’amiral
avait grand besoin ; car, outre ceux qui étaient morts,
la plupart de ses soldats, rebutés de la fatigue, s’étaient
débandés dans ces chemins rudes. dès qu’il fut éloigné,
Saint-paul-Trois-Chateaux, la Garde, Taulignan,
Condorcet, et plusieux autres lieux dont les huguenots
s’étaient mis facilement en possession à la faveur de sa
venue, furent repris par les catholiques.
Son entrée dans le dauphiné avait enhardi les religionnaires
de la valmasque qui s’étaient contenus depuis
quelque temps. Ceux de Merindol furent les premiers
à se révolter ; ils arrêtèrent un convoi d’armes qui
venait de Milan pour le Comtat, et commirent plusieurs
violences. Ils s’emparèrent ensuite du château de javon
qu’ils ne quittèrent qu’après y avoir mis le feu. les métairies
de lauris, de Menerbes, d’Oppedes, de Maubec,
de Robion, des Taillades et même de Cavaillon se ressentirent
de leurs apparitions. S’étant joints à ceux de
Murs, ils firent une entreprise sur Mourmoiron qu’ils
crurent pouvoir surprendre de nuit par escalade; mais
leur projet fut découvert par Chabrillan, gouverneur
de Carpentras, qui fit marcher des troupes à petit
bruit vers Mourmoiron. Ils en étaient déja bien près,
lorsqu’ils se sentirent chargés à l’improviste ; encore le
fit-on trop tôt, car il n’en eût échappé aucun si l’attaque
eût été moins précipitée. Il y en eut cependant un certain
nombre de morts; on fit aussi quelques prisonniers,
qui, par la crainte des supplices, découvrirent d’autres
projets formés par les calvinistes. dans le même temps,
la garnison de valréas ayant été défier celle de nions,
remporta sur elle quelque avantage. la seigneurie de
cette dernière ville venait d’être donnée par le roi à
Saintejalle, qui fut encore fait gouverneur d’Orange en
récompense de ses services.
damville était retourné à Avignon après avoir poursuivi
l’amiral: il en partit le 2 juin, emmenant quelques
pièces d’artillerie et les munitions nécessaires pour
faire le siége de Saint-Gilles où les huguenots s’étaient
fortifiés, ayant fait de deux églises des espèces
1570
notes
de
M. d’Au-
bais.