Télécharger/lire ce livre au format pdf - Entrechaux

122 histoire des guerres du comté venaissin.
123
1562 faires sans en avoir permission du peuple, et sont esté
livrer. Il fut transféré en diverses prisons et enfin
telz et si mal conduits, que chascun de nous en porte
conduit à Avignon où, après avoir été exposé pendant
la peine. Mais puisqu’il vous plaist, ou estant forcé, je
quelques jours à la risée du peuple, suspendu dans une
dirai ce qui m’en semble, m’asseurant que ne sera pas
cage de bois, il eut la tête tranchée le 9 de septembre.
trouvé bon d’aulcuns, et même de M. parpaille, lequel
Sa maison d’Avignon fut rasée et le local fut converti en
ha esté toute sa vie impatient et ne s’est sceu entretenir
place publique. C’est celle qui porte le nom de place pie,
dans sa patrie avecques les siens, où il avoit esté reçu et
du nom du pape pie Iv qui siégeait alors. les signes de
conduit tout à son honneur et proufit. je sçay aussi que
repentir qu’il donna avant son exécution l’ont fait ex-
ce que je dis causera ma ruyne ou ma mort : si est-ce
clure du martyrologe des protestants. un potier de la
que désirant, deschargeant ma conscience, obéir à vos
ville, qui était son correspondant et son complice, fut
commandemens, je dirai encores que je ne vois estre
pendu le même jour.
besoing de prendre l’or et l’argent de nos reliques, ne les
le roi et la reine-mère qu’on avait informés de la prise
joyaulx précieux pour nostre fortification ; car voulans
de parpaille, avaient donné ordre de le livrer à la justice
défendre nostre cité contre dieu, nous ne sçaurions, es-
d’Avignon, témoignant qu’ils étaient bien aises que les
tant si grand et puissant que toutes choses sont soub-
catholiques des environs d’Orange fussent délivrés d’un
mises à son obeyssance ; contre nostre prince, nous
ennemi si dangereux.
tumberions en crime de lèze-majesté ; contre nos voi-
les mouvements et les entreprises des huguenots
sins, je m’asseure tant en leur bonté, que si nous ne les
avaient déterminé Serbelloni à pourvoir à la sûreté
cherchons, jamais ne nous fairont aulcun dommaige.
du Comtat, où ils paraissaient vouloir s’introduire. Il
pour cela la despense que vous avez faicte et désirez
avait augmenté le nombre de ses troupes par de nou-
faire sera vaine. »
velles levées, et il avait doublé les garnisons des places
Cet avis, aussi juste que généreux, ne prévalut pas.
les plus exposées à leurs attaques. Sommerive veillait
On imposa silence à celui qui venait de le donner, et il
aussi en provence : le siége de pertuis fixait surtout
se vit obligé de sortir de l’assemblée. l’argenterie des
son attention ; mais comme il était obligé de faire de
églises fut livrée à parpaille, qui la porta à lyon pour
longs détours et de passer par le Comtat pour aller au
la convertir en monnaie. Ce fut là son dernier exploit,
secours de cette ville, Serbelloni lui proposa de cam-
car comme il retournait à Orange, il fut reconnu au
per, pour quelques jours, sur les bords de la durance,
bourg de viviers et arrêté par la populace, qui se saisit
afin de faciliter la prise de Merindol dont ils avaient
aussi d’une barque chargée d’armes qu’il amenait. les
résolu le siége de concert, lui offrant de l’accompagner
Orangeois firent inutilement des tentatives pour le dé-
avec ses troupes au secours de pertuis. Sommerive accepta
la proposition, et dans le temps que Serbelloni
assiégeait Merindol, il se posta vis-à-vis d’Orgon, pour
1562
du Thou.
Fanton.