Télécharger/lire ce livre au format pdf - Entrechaux

1580
perussis.
Fantoni.
414 histoire des guerres du comté venaissin.
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et se faisant escorter par une compagnie de chevaulégers
jusqu’à Montelimart. jacques Sacrat, évêque de
Carpentras, fut le seul qui fut informé de son départ. Ce
prélat régit la rectorie en son absence.
Avignon courut aussi quelque danger. une mésintelligence
qui s’éleva entre les soldats italiens et les
soldats nationaux, le 3 mai, à l’occasion de la cherté
des denrées, remplit la ville de tumulte. la bourgeoisie
s’attroupa, menaçant d’une sédition, et on eût vu
éclater quelque désordre si Malvezzi et les magistrats
n’eussent apaisé la populace. Malvezzi soupçonna l’abbé
de patris, auditeur-général et grand-vicaire du diocèse,
d’avoir fomenté cette mésintelligence et d’avoir
ameuté la bourgeoisie. Il crut même avoir des preuves
suffisantes que cet abbé voulait livrer la ville au roi
de navarre, en reconnaissance de ce qu’il lui avait fait
donner l’abbaye de la Grasse. Sur ces soupçons et sur
ces preuves bien ou mal fondées, il le fit poignarder de
cette manière. l’abbé avait été à Bédarrides, le 16 du
même mois, pour y baptiser une petite fille du sieur de
Saint-Sixte ; Oddy, envoyé par Malvezzi, fut l’y trouver
avec sa compagnie de chevau-légers italiens, et l’attira
dehors, sous prétexte d’avoir des lettres secrètes a lui
communiquer. A peine furent-ils sortis, qu’il le fit tomber
mort de sept coups de poignard donnés par derrière.
Ceux qui étaient avec l’abbé firent feu sur l’assassin,
mais si tumultueusement, qu’au lieu de le toucher,
ils tuèrent cinq de ses chevau-légers. Saint-Sixte, qui s’y
trouvait, fut blessé d’un coup de pistolet dont il mourut
le surlendemain. le corps de l’abbé fut enseveli dans
l’église des Célestins de Sorgues.
Cette violence faillit coûter cher à Malvezzi, qui ne craignait
pas de publier qu’il l’avait lui-même ordonnée. le
cardinal, le grand-prieur, le comte de Carces et tous les
principaux de la province s’en récrièrent hautement, de
sorte que Malvezzi, craignant pour sa personne, se vit
réduit à prendre de grandes précautions pour sa sûreté.
Grimaldi fut de retour de Rome dans le mois de
juillet. le pape avait écouté ses plaintes et lui avait promis
satisfaction. Il arriva à Avignon avec Blaise Capizucchi,
d’une illustre famille de Rome, qui s’était signalé
en France à la bataille de Montcontour et à la défense
de poitiers. Il amenait 200 soldats italiens de vieilles
troupes. Son arrivée causa tant de frayeur à Oddy, qu’il
s’enfuit précipitamment en Italie.
Quoique les huguenots ne parussent plus si remuants,
on ne laissait pas d’être toujours sur ses gardes; on était
surtout attentif à découvrir et à ruiner les pratiques secrètes
qu’ils tâchaient de se faire dans la province (1).
A peine le fléau de la guerre eut-il cessé dans le Com-
tat, qu’une contagion des plus funestes vint se joindre
à celui de la famine qui durait encore. Cette contagion
était d’autant plus surprenante, qu’on n’avait
jamais vu un automne plus beau ni un temps plus serein
au commencement de l’hiver ; ce qui fit croire
qu’elle venait plutôt de l’influence des astres que de
(1) Malgré la calme dont on jouissait, le pape jugea à propos d’établir
un maître d’artillerie et un colonel général d’infanterie qui devaient
avoir 100 livres d’appointement par mois en temps de paix et le
double en temps de guerre. la première de ces deux charges fut donnée
à des Yssars, et la seconde à d’Aubres.
1580
de Thou.