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1568<br />
248 histoire des guerres du comté venaissin.<br />
249<br />
Cette ville et sa princip<strong>au</strong>té étaient à la veille<br />
d’éprouver une révolution. le prin<strong>ce</strong> d’Orange ayant<br />
été déclaré rebelle dans le conseil du roi d’Espagne,<br />
tous ses biens furent confisqués par le même jugement.<br />
Charles IX voulut se saisir de sa princip<strong>au</strong>té, moins à<br />
c<strong>au</strong>se de son crime de félonie envers le roi d’Espagne<br />
que pour punir les Orangeois de leur conduite et de<br />
leurs propos. le baron de la Garde y fut envoyé, avec<br />
ordre d’assiéger <strong>ce</strong>tte ville et de la traiter sans ménagement<br />
si elle faisait difficulté de se soumettre <strong>au</strong> roi et<br />
de re<strong>ce</strong>voir ses troupes. le baron s’acquitta de la commission<br />
avec un appareil qui fit trembler les habitants;<br />
ils se soumirent en promettant de re<strong>ce</strong>voir tel gouverneur<br />
qu’il plairait <strong>au</strong> roi de leur donner. le baron exigea<br />
des ôtages pour garants de leur parole ; ils furent<br />
donnés sur le champ. C’était Serres (1), la Rais, et le fils<br />
du président de Calvière. Anselme, seigneur de joucas,<br />
s’offrit pour c<strong>au</strong>tion de tout <strong>ce</strong> que faisait et promettait<br />
le baron de la Garde.<br />
le roi donna le gouvernement d’Orange à la Molle.<br />
les soldats calvinistes en sortirent, et furent joindre<br />
Mouvans, qui pour lors campait à Sederon en proven<strong>ce</strong><br />
avec les nouvelles troupes qu’il venait de lever, pour, disait-il<br />
(2), aller dégager le prin<strong>ce</strong> de Condé, serré dans<br />
noyers en Bourgogne. On peut dire que les catholiques<br />
(1) Celui-ci était proche parent de jean de Serres, qui fut depuis<br />
ministre à Orange; lequel fut un des quatre, dit d’Aubigné, qui avouèrent<br />
à Henri Iv qu’on pouvait se s<strong>au</strong>ver dans la religion catholique,<br />
tout comme dans la protestante. Il est fort connu par son Inventaire<br />
général de l’Histoire de Fran<strong>ce</strong>, illustré par la conféren<strong>ce</strong> de l’Eglise et<br />
de l’Empire.<br />
(2) pour s’attirer l’ancienne garnison d’Orange, il se servit d’un<br />
<strong>au</strong>tre prétexte. Il lui fit entendre qu’il devait marcher en Flandre, <strong>au</strong><br />
secours du prin<strong>ce</strong> d’Orange, chef de huguentos révoltés dans les pays-<br />
Bas.<br />
manquèrent un be<strong>au</strong> coup en ne l’attaquant pas dans <strong>ce</strong><br />
poste, car il ne pouvait manquer d’y être défait et même<br />
pris. Il le comprenait et il l’appréhendait si fort, que sur<br />
une f<strong>au</strong>sse allarme qu’il prit, il leva son camp avec précipitation<br />
et marcha par les montagnes sans prendre du<br />
repos, jusqu’à <strong>ce</strong> qu’il fut arrivé à loriol dans le d<strong>au</strong>phiné,<br />
d’où il se rendit à Alais avec les trois mille hommes<br />
qu’il conduisait.<br />
le séjour que fit <strong>ce</strong>tte troupe à loriol donna de l’ombrage<br />
<strong>au</strong> cardinal d’Armagnac, et lui fit craindre que<br />
Mouvans n’eût dessein de la conduire dans le Comtat.<br />
Il en témoigna ses inquiétudes à Sommerive qui, ne<br />
les voyant pas sans fondement, amena des troupes de<br />
Cabanes où il était pour lors ; il prit encore à Avignon<br />
quelques compagnies, et fut camper dans la plaine de<br />
Camaret, pour être à portée de donner du secours partout<br />
où l’ennemi voudrait pénétrer. Mais comme il apprit<br />
<strong>au</strong> bout de quelques jours que Mouvans avait passé<br />
le Rhône, il ramena ses soldats à St-Remi, laissant <strong>ce</strong>ux<br />
du Comtat dans les garnisons qui leur furent assignées.<br />
Ces mouvements, peu de chose en apparen<strong>ce</strong>, étaient<br />
<strong>ce</strong>pendant les préludes de la troisième guerre civile qui,<br />
en <strong>ce</strong>tte année, se ralluma en Fran<strong>ce</strong> avec plus de fureur<br />
que les précédentes. les huguenots, qui ne demandaient<br />
qu’un prétexte pour reprendre les armes, ne laissèrent<br />
pas échapper <strong>ce</strong>lui que leur fournit la reine-mère, en<br />
voulant faire arrêter le prin<strong>ce</strong> de Condé et l’amiral de<br />
Coligni, qu’on accusait de quelque conspiration secrète.<br />
Ce fut pour eux le tocsin et le signal de la révolte; ils se<br />
mirent en campagne, prirent des villes, appelèrent les<br />
prin<strong>ce</strong>s protestants d’Allemagne et mirent de nouve<strong>au</strong><br />
le roy<strong>au</strong>me en combustion.<br />
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