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1547<br />
1551<br />
86 histoire des guerres du comté venaissin.<br />
87<br />
saisis après avoir échappé <strong>au</strong>x massacres, étaient vendus,<br />
hommes et enfants, comme des esclaves <strong>au</strong>x capitaines<br />
des galères, qui s’étaient rendus sur les lieux<br />
pour faire <strong>ce</strong>s étranges emplettes ; et que les biens qui<br />
furent vendus <strong>au</strong>x enchères furent donnés presque<br />
pour rien <strong>au</strong>x amis du baron d’Oppedes.<br />
En parlant du baron de la Garde, il l’accuse d’en avoir<br />
imposé quand il a dit dans ses défenses que le feu roi<br />
lui avait ordonné de donner main forte à l’extirpation<br />
des v<strong>au</strong>dois ; il soutient que le roi lui mandait simplement<br />
de se rendre en Roussillon, et que l’apostille qui<br />
contenait l’ordre prétendu avait été fr<strong>au</strong>duleusement<br />
ajoutée <strong>au</strong> bas de la lettre. On jugera du mérite de <strong>ce</strong>s<br />
accusations par les arrêts qui furent rendus et dont je<br />
parlerai bientôt.<br />
Chacun des intimés eut son avocat particulier : les<br />
trois-états de la provin<strong>ce</strong> de proven<strong>ce</strong> et le parlement<br />
s’en choisirent <strong>au</strong>ssi respectivement. Tous <strong>ce</strong>s avocats,<br />
choisis parmi les plus célèbres, avaient pour parties<br />
d’Aubery et le défenseur de la dame de Cental. le cardinal<br />
Farnèse, légat d’Avignon, voulut <strong>au</strong>ssi être entendu<br />
pour les droits du pape et de la chambre apostolique,<br />
mais Regnard, son avocat, fut récusé par l’avocat général,<br />
à c<strong>au</strong>se que sa commission portait la cl<strong>au</strong>se ex<br />
presse de citrà consensum indebitum, et jurisdictionis<br />
prorogationem, <strong>ce</strong> qui était un refus de se soumettre<br />
à la juridiction de la cour: « Refus bien fondé, ajouta<br />
<strong>ce</strong>pendant d’Aubery, vu que le légat n’était sujet du roi<br />
et devait traiter directement avec Sa Majesté. » Ainsi<br />
Regnard ne fut point entendu, et le roi se réserva d’en<br />
traiter avec le pape de souverain à souverain.<br />
parmi tant de plaidoyers qui se firent durant le cours de<br />
<strong>ce</strong> procès, tous également éloquents, on admira <strong>ce</strong>lui du<br />
baron d’Oppedes, qui, parlant après son avocat, défendit<br />
lui-même sa c<strong>au</strong>se par un ex<strong>ce</strong>llent discours qu’il commença<br />
par <strong>ce</strong>s paroles de l’Ecriture : Judica me, Deus,<br />
et dis<strong>ce</strong>rne c<strong>au</strong>sam meam de gente non sanctà. Il n’omit<br />
rien pour prouver que le procédé de son parlement et le<br />
sien propre avaient été très-justes, puisqu’ils n’avaient<br />
fait qu’exécuter les ordres précis du feu roi contre la<br />
plus méchante secte qui fut jamais ; que si on avait excédé<br />
dans l’exécution, c’était à <strong>ce</strong>ux qui en avaient été<br />
la c<strong>au</strong>se qu’il fallait s’en prendre, et non à lui ni à son<br />
parlement non plus, qui avait sévèrement défendu <strong>ce</strong>s<br />
excès et qui s’y était opposé de tout son possible (1). Il<br />
se justifia si bien,qu’il fut renvoyé absous. le pape jules<br />
III avait adressé un bref <strong>au</strong> roi en sa faveur, le priant de<br />
le faire élargir et de ne pas permettre qu’il fût la victime<br />
de la cabale qui le persécutait. le non<strong>ce</strong> apostolique fit<br />
<strong>au</strong>ssi de vives instan<strong>ce</strong>s à <strong>ce</strong> sujet.<br />
les <strong>au</strong>tres accusés et tout le parlement d’Aix furent<br />
pareillement déchargés, par arrêt intervenu <strong>au</strong> mois<br />
de dé<strong>ce</strong>mbre 1551, <strong>au</strong> conseil privé du roi où l’affaire<br />
avait été appointée. le seul Guerin, convaincu d’avoir<br />
donné trop de li<strong>ce</strong>n<strong>ce</strong> <strong>au</strong>x soldats, et de plus d’avoir<br />
supposé de f<strong>au</strong>sses lettres pour accuser le comte de<br />
Grignan et le baron de la Garde d’intelligen<strong>ce</strong> avec<br />
l’empereur, eut la tête tranchée en pla<strong>ce</strong> de Grève.<br />
nostradamus dit, dans son Histoire de Proven<strong>ce</strong>, qu’à<br />
(1) le recueil de <strong>ce</strong>s plaidoyers manuscrits a passé de la bibliothèque<br />
de M. de Brienne à <strong>ce</strong>lle du roi. Il y en a plusieurs qui ont été<br />
imprimée.<br />
1551<br />
Maimb.<br />
liv.3.<br />
psalm. 42<br />
Aubery.<br />
G<strong>au</strong>fridi.