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1561
Hist.
du
languedoc
tome 5.
112 histoire des guerres du comté venaissin.
113
sité. Montpellier tomba aussi en leur pouvoir au mois
d’octobre de la même année. les chanoines s’étaient
renfermés dans la cathédrale : ils y avaient été assiégés
et ils s’étaient rendus à composition ; cependant ils
furent tous massacrés, au nombre de quarante, avec les
autres catholiques qui s’étaient renfermés avec eux ;
cette église fut pillée et réduite dans l’état le plus pitoyable
; son trésor, montant à 600 marcs d’argent, fut
enlevé, de même que ses cloches qui étaient des plus
grosses du royaume.
Toutes ces invasions avaient été précédées de
celle de nimes. un ministre ayant fait le prêche dans
un jardin le 29 de septembre de l’an 1559, s’était emparé,
à la tête de ses auditeurs, de l’église paroissiale
de Saint-Etienne, d’où il avait chassé les prêtres et où
les huguenots avaient foulé aux pieds le Saint-Sacrement,
brisé les images et renversé les autels. Il s’était
ensuite saisi du couvent des Franciscains où il s’était
logé avec des femmes qui le suivaient. pendant la semaine
sainte de l’an 1560, trois prédicants de Genève
s’étant introduits dans la ville, y firent en secret les
exercices de leur religion, et ayant donné rendez-vous
dans la ville à plusieurs bandits des environs, ils ameutèrent
le peuple qui se mit en armes, le lundi de pâques
15 d’avril, et courut dans les rues dans le dessein de
faire publiquement la cène. le vicomte de joyeuse s’y
rendit, et ayant reconnu que la plupart des habitants,
et même des officiers du présidial, étaient favorables
aux sectaires, il fit arrêter les principaux auteurs de
la sédition et rendit tout de suite compte au roi de ce
qu’il avait fait, ajoutant dans sa lettre : « que comme
plusieurs villes et villages des environs étaient dans le
même cas, il avait besoin de forces pour rétablir la
paix, et qu’en soumettant cette ville, tout le reste s’ensuivrait,
parce qu’elle était le réceptacle de tous les
séditieux. » Malgré cela, les assemblées continuèrent,
et les émeutes s’étant renouvelées, les calvinistes vinrent
au point de s’attrouper au nombre de 8,000, le 21
de décembre 1561, ayant le ministre viret à leur tête.
Ils s’emparèrent de presque toutes les églises, se rendirent
à la cathédrale pendant que l’évêque disait la
messe, enfoncèrent les barricades qu’on avait mises aux
portes, de sorte que l’évêque fut obligé de s’enfuir avec
les chanoines et les autres catholiques. les huguenots,
se voyant les maîtres, renversèrent les autels, pillèrent
tous les vases sacrés et foulèrent aux pieds les saintes
reliques. de là ils allèrent en faire de même aux Carmes,
aux jacobins, aux religieuses de Saint-Sauveur de la
Font, aux religieuses de Sainte-Claire et à toutes les
autres églises. l’après-midi, ils allumèrent un grand feu
devant la cathédrale et y jetèrent les titres des maisons
religieuses qu’ils avaient enlevés, et, ce qui fait horreur,
toutes les saintes hosties qu’ils avaient pu recouvrer. Ils
dansèrent autour du feu, en proférant des blasphèmes
contre nos mystères. Ils ravagèrent ensuite toutes les
églises des environs de nîmes. Enfin le ministre viret
prêcha dans la cathédrale la veille de noël avec un
grand concours de peuple, et l’évêque, obligé de prendre
la fuite, se retira en provence. la ville s’étant révoltée
ouvertement, reconnut l’année suivante le prince de
Condé pour son souverain ; le reste des catholiques en
fut chassé, et le comte de Crussol reconnu pour gouverneur
dans une assemblée générale.
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