Télécharger/lire ce livre au format pdf - Entrechaux

1562
Fantoni.
140 histoire des guerres du comté venaissin.
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s’être défendu avec beaucoup de valeur; qu’il perdit
presque tous ses soldats et son artillerie, et qu’il eut
obligation de la liberté à la vitesse de son cheval. »
Ce qui paraît donner quelque crédit à cette erreur,
c’est qu’il est vrai que les catholiques perdirent dans
cette action le peu d’artillerie qu’ils avaient avec eux, et
que les religionnaires emmenèrent en se retirant. Malingre
lève cette espèce de contradiction, en nous apprenant
que les nôtres s’étant attachés trop vivement à
poursuivre les ennemis, un de leurs détachements, qui
était resté à l’écart sans prendre part à l’action, enleva
cette artillerie qui ne consistait qu’en quelques petites
pièces de campagne.
Cette prise ne les dédommagea que bien peu de la
perte de la bataille. Ils s’en dédommagèrent plus avantageusement
quelques jours après, lorsqu’ayant appris
que le comte de Suze avait distribué ses troupes, les
croyant dispersés, ils retournèrent dans le Comtat et
s’emparèrent de nouveau de Caderousse, de piolenc,
de Courtaison, de Sarrians, de Bedarrides et de Château-neuf,
qu’ils avaient abandonné après la bataille de
valreas. Ils établirent même un camp près de Sorgues,
publiant, pour s’attirer des recrues, qu’ils allaient saccager
Avignon et Carpentras : ce qui fit accourir sous
leurs drapeaux un grand nombre de sectaires des environs.
Il ne leur eût pas cependant été facile de rien entreprendre
sur Avignon ; car, outre ce que cette ville était
par elle-même, elle était encore gardée par des forces
plus que suffisantes pour la défendre, et on y prenait
les précautions les plus scrupuleuses, tant pour
être en état de repousser les attaques ouvertes, que
pour empêcher les pratiques et les trahisons dont les
huguenots tirèrent de si grands avantages durant le
cours de ces guerres. pour subvenir aux frais nécessaires,
on avait établi un impôt sur les étoffes de soie
et de laine, et les fabricants s’y étaient soumis avec joie
(1) ; le clergé et les membres de l’université s’étaient
taxés eux-mêmes ; le pape pie Iv, informé de tout, avait
envoyé une somme considérable, accompagnée d’un
bref plein de consolation et d’éloges pour Avignon. Sa
Sainteté disait dans son bref qu’elle faisait autant de cas
de cette ville que de celles de Rome et de Bologne, et
qu’elle en préférait la conservation à sa propre vie. Raymond
de perussis, qui en fut le porteur, était arrivé de
Rome dans cinq jours. Il avait été arrêté sur le chemin
par le gouverneur de Sisteron, mais il avait su se tirer
adroitement de ses mains. Il était parent du cardinal
Farnese : c’était à ce cardinal et à Charles Borromée,
également décoré de la pourpre, qui a été canonisé depuis,
que Serbelloni écrivait pour informer le pape des
affaires du Comtat.
pierre de Sade, seigneur d’Agoult, était pour lors viguier
de la ville ; vedenes, dalures et Fargues étaient
les consuls ; Crillon, la Barthalasse et Saint-jeurs
étaient capitaines de la ville et commandaient l’infanterie
; François de perussis était commandant de la
cavalerie. Outre les troupes réglées qui formaient la
garnison, chacune des sept paroisses avait son capi-
(1) le clergé d’Avignon et les membres de l’université étaient
exempts du droit de gabelle. Il fut convenu que cette exemption serait
suspendue pour neuf ans. En considération de quoi et de quelques
autres subventions fournies par le Clergé, le Chapitre de notre-damedes-doms
obtint dans la suite la réunion de la dixmerie de Malaucene
en faveur de sa mense.
1562
perussis.