Télécharger/lire ce livre au format pdf - Entrechaux

1551
88 histoire des guerres du comté venaissin.
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l’heure même de cette exécution, sa femme, qui était à
Aix, vit la figure de la tête de son mari empreinte sur
sa main, où elle demeura quelques jours ; tellement
que la nouvelle en fut divulguée avant qu’on eût pu
l’apprendre par les voies ordinaires. le même auteur
assure avoir ouï raconter cette merveille à des gens qui
en avaient été les témoins.
le baron d’Oppedes reprit les fonctions de sa charge,
et les remplit jusqu’à sa mort, arrivée en l’année 1558.
les historiens protestants, et après eux du Thou et dupleix,
disent que la justice divine le fit mourir dans des
douleurs horribles, en punition de ses cruautés. Maimbourg
prétend, au contraire, que la vraie cause des
douleurs excessives qu’il souffrit à la fin de ses jours,
fut la malice d’un opérateur protestant qui, pour venger
ceux de sa secte, lui procura cette mort au moyen
d’une sonde empoisonnée.
le baron de la Garde avait été élargi et renvoyé absous,
quelques mois auparavant, par un arrêt solennel
prononcé de la bouche du roi dans son conseil privé.
le même arrêt l’avait rétabli dans la charge (1) de général
des galères dont il avait été dépouillé lors de sa
détention. Cet homme, qui continuera à jouer un rôle
considérable dans cette histoire, mérite d’être connu
plus à fond.
Il était né à la Garde, petit village du dauphiné, dans
le diocèse de Saint-paul, vers l’an 1500. louis Escalin,
son père, que quelques-uns prétendent avoir été de la
famille d’Adhémar-Grignan, était fort pauvre et chargé
de plusieurs enfants. Celui dont il est ici
(1) le laboureur, sur Castelnau, dit que le baron de la Garde fut le
premier qui posséda cette charge; mais Ruffi la croit d’une institution
plus ancienne.
question naquit avec de grandes qualités, et mérita par
la suite d’être mis au rang des plus célèbres capitaines.
Son humeur vive et hardie lui fit donner dans sa première
jeunesse le surnom de Poulin, changé ensuite en
celui de Paulin, sous lequel il est principalement connu.
une rencontre fortuite, dont il sera parlé ci-après, le
conduisit par degrès et assez rapidement aux premiers
grades de la milice, car, après avoir servi en qualité de
simple soldat, il fut d’abord lieutenant d’une compagnie,
ensuite capitaine de cent hommes d’armes, gouverneur
de Château-dauphin, d’Estaples et de Marseille, général
des galères et lieutenant général pour le roi en provence,
n’ayant pas encore 45 ans.
la guerre était allumée depuis longtemps en Italie
entre le roi François I er et l’empereur Charles v. le
marquis du Guast, général des Autrichiens, ayant fait
assassiner deux ambassadeurs français envoyés l’un
à venise, l’autre à Constantinople, Bellay de langey,
commandant des troupes de France, en envoya porter
la nouvelle au roi par le capitaine paulin. Ce fut là,
à proprement dire, le commencement de la haute fortune
où le baron de la Garde monta par la suite. François
I er , déterminé par le bon témoignage de langey et
plus encore par ce qu’il trouva à admirer dans la personne
de son messager, le nomma son ambassadeur à
Constantinople, où il arriva malgré les piéges que le
marquis du Guast lui tendit sur la route pour le faire périr.
Sa commission étant remplie, il retourna à l’armée
qui était en piémont, et se distingua dans ces guerres,
à la tête d’un corps de six mille hommes. Ce fut de là
qu’il fut appelé, avec son détachement, pour l’expédi-