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1578<br />
404 histoire des guerres du comté venaissin.<br />
405<br />
Cet historien parle encore d’un article particulier qui<br />
fut tenu secret à la réquisition de damville, qui ne voulut<br />
pas qu’il parût que le pape fût forcé d’ac<strong>ce</strong>pter tant<br />
de conditions déraisonnables. Cet article portait « que<br />
la ville d’Avignon payerait tous les ans à <strong>ce</strong>lle d’Orange<br />
6,000 écus d’or, en dédommagement de <strong>ce</strong> qu’elle avait<br />
souffert depuis le commen<strong>ce</strong>ment de la guerre, et pour<br />
l’entretien d’une garnison. Il ajoute encore que les Etats<br />
de la provin<strong>ce</strong>, assemblés à Carpentras de l’<strong>au</strong>torité du<br />
cardinal co-légat, ratifièrent <strong>ce</strong>s articles, que le roi<br />
Henri III s’en rendit garant, et que le pape les approuva<br />
par une bulle du 7 février de l’année suivante. »<br />
On ne voit rien de semblable dans les registres de la<br />
provin<strong>ce</strong> ni dans les mémoires du temps. perussis, si<br />
exact et même si diffus, n’en dit pas le mot ; et il n’est<br />
pas croyable qu’il eût pu l’ignorer ou qu’il eût voulu le<br />
faire s’il en avait eu connaissan<strong>ce</strong>, d’<strong>au</strong>tant qu’on ne<br />
pourrait donner <strong>au</strong>cun motif à son silen<strong>ce</strong>. Il n’est pas<br />
croyable non plus que la provin<strong>ce</strong>, après tant de m<strong>au</strong>x<br />
soufferts de la part des hérétiques et de si fréquentes<br />
expérien<strong>ce</strong>s de leur m<strong>au</strong>vaise foi, ait pu consentir à<br />
les traiter si favorablement dans des circonstan<strong>ce</strong>s où<br />
ils étaient moins redoutables, ni que le pape Grégoire<br />
XIII, dont on connaît le zèle et la fermeté, ait sacrifié<br />
ses droits et <strong>ce</strong>ux de la religion en <strong>au</strong>torisant un pareil<br />
traité.<br />
Strasbourg ou, dans une <strong>au</strong>tre ville d’Allemagne, pour représailles des<br />
injusti<strong>ce</strong>s dont les huguentos <strong>au</strong>raient lieu de se plaindre à l’avenir ;<br />
mais tout <strong>ce</strong>la leur fut refusé, ainsi qu’il conste par les copies collationnées<br />
des demandes et des réponses qui existent encore dans les<br />
archives de quelques commun<strong>au</strong>tés, et qui y furent déposées dès que<br />
le traité eut été publié.<br />
Il est surprenant, à la vérité, que les huguenots aient<br />
consenti à faire la paix sans en tirer <strong>au</strong>cun avantage, et<br />
qu’ils aient consenti encore à vider le Comtat avec une<br />
espè<strong>ce</strong> d’ignominie, après s’y être sus maintenir si longtemps<br />
contre tant de for<strong>ce</strong>s réunies. Mais il f<strong>au</strong>t faire<br />
attention que les temps et les esprits étaient changés,<br />
que les ministres n’avaient plus le même crédit et que<br />
les chefs étaient devenus plus raisonnables. la tranquillité<br />
rétablie dans les provin<strong>ce</strong>s voisines, à la faveur<br />
du dernier édit, privait les huguenots du Comtat des<br />
appuis qu’ils avaient trouvés jusqu’alors, et leur ôtait<br />
l’espéran<strong>ce</strong> d’être secourus. Ils se sentaient affaiblis de<br />
jour en jour, sans pouvoir réparer leurs pertes : ils faisaient<br />
du mal, mais on leur en faisait <strong>au</strong>ssi, et ils devaient<br />
être persuadés que leur secte, n’étant pas tolérable<br />
dans un pays dépendant du saint-siége, on ne <strong>ce</strong>sserait<br />
de les poursuivre jusqu’à <strong>ce</strong> qu’ils fussent éloignés ou<br />
convertis. Ce furent, sans doute, <strong>ce</strong>s raisons qui les déterminèrent<br />
à ne pas insister pour y avoir un meilleur<br />
sort. Ajoutons encore que le roi de navarre, qu’ils regardaient<br />
comme leur premier chef, voulut que le Comtat<br />
restât libre, pour qu’il n’y eût plus de prétexte de<br />
rompre la paix.<br />
Il y eut peu d’événements dans le courant de l’année<br />
1579. Elle ne fut remarquable que par une disette<br />
générale qui se fit sentir jusque bien avant dans la<br />
suivante. les grains manquant totalement dans <strong>ce</strong>s<br />
contrées, le roi accorda des lettres patentes <strong>au</strong> Comtat<br />
pour en faire venir librement de la Bourgogne, de<br />
la Franche-Comté et de la normandie. le Saint père,<br />
qui n’était pas moins touché de <strong>ce</strong>s besoins, secourut la<br />
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