Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design

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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2
penser à la création de codes. Car c’est bien cela qui est mis en jeu chez les
designers, artistes et graphistes ; la création ou réappropriation de nouveaux
codes. Nous reste à savoir pourquoi cette réappropriation des formes et dans
quelles proportions elle influe sur notre perception dans l’espace urbain?
Pourquoi espace urbain précisément, car les villes 15 sont des espaces cosmopolites
où différentes cultures se rencontrent et se côtoient de manière informelle
et en même temps où sont concentrés des espaces culturels consacrés au
sujet qui nous intéresse ici, et en même temps c’est un espace; le graphisme
ethnique en particulier, les arts ethniques en général.
a)-des espaces stéréotypants
La ville est le lieu par excellence où se déploient et se perdent à la fois de
nombreuses cultures. Il existe comme un phénomène de métissage intense à
première vue inexplicable, qui noie et en même temps caricature les caractéristiques
ethniques de certaines communautés.
Quelles sont les origines de cette confusion ? Nous avons deux angles d’observation.
D’un côté, on a l’impression que la surexposition simultanée de
toutes ces fortes cultures les annule toutes. De l’autre, certaines utilisations du
graphisme ethnique dans l’espace urbain auraient tendance à l’enfermer dans
certains secteurs d’activités ou domaines culturels. Car il est vrai dans ce cadre
particulier , que « l’ethnicité » est liée à l’identité culturelle ; qui se manifeste
par le vestimentaire, l’alimentaire, la musique, le cinéma, l’esthétique…
Pour illustrer nos propos nous allons user d’exemples concrets pris dans des
grandes villes comme Paris ou Londres (liste non exhaustive).
Les restaurants indiens par exemple, utilisant des formes à tendance baroque
aux couleurs dorées et dans la gamme des rouges orangés ou du rose fuschia,
ne reflètent qu’une partie infime de la culture indienne ; on retiendra plutôt
le caractère épicé de la cuisine, et on oubliera le large éventail de couleurs
que l’esthétique indienne nous propose à travers le cinéma de Bollywood. De
même si on se concentre sur le cinéma indien, nous dirons qu’ils ne savent que
chanter et danser pendant quatre heures d’affilé et que leur scénario s’avère
être toujours le même. Nous manquerons le fait que les costumes portés dans
ces films sont des œuvres à part entière et que le caractère ethnique de cette
culture se traduit aussi à travers le style vestimentaire et les couleurs, motifs et
techniques qui s’en dégagent. 16
L’espace urbain a tendance à se réapproprier des bribes de modes de vie. Il
fait passer la partie pour le tout ; ce qui aurait pour conséquence de classifier
volontairement ou non certaines cultures dans des domaines spécifiques : ici,
la cuisine.
Dans ce même schéma, nous avons remarqué un magasin « Nespresso » usant
d’un graphisme plutôt africanisant pour sa décoration ; à la manière des peintres
de l’école de Lubumbashi créée par Romain-Défossés qui répondaient à des
commandes de peintures folkloriques très burlesques et stéréotypées. Bien
sûr, elle ne manquait pas de mettre en exergue à l’intérieur de cet environnement
factice son égérie fétiche, Georges Clooney. On pourrait se demander
quel est le rapport entre les deux. Et bien, Georges Clooney est engagé dans
de nombreuses œuvres humanitaires en faveur de l’Afrique ou de pays comme
15. Point de vue sur la ville dans le catalogue Africa Remix (p.47)
16. Petit supplément en annexe (p.47)
Elodie Molia - Juin 2011