Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design

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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2
Haïti. Le lien devient plus évident, mais le problème c’est que l’on aurait une
petite prédisposition à faire coïncider le graphisme de type « africain » avec
des sujets humanitaires. Ce serait un écueil mais le risque demeure. Ce type de
contraintes auxquelles s’est vu confronté les Cocottes (collectif de graphistes),
qui devaient créer l’identité visuelle d’un site internet pour une association
africaine, Communties-can-do-it créant des maisons avec des matériaux recyclables
pour les orphelins avec l’aide des communautés environnantes. Une
façon de construire des maisons écolo à moindre coût. La présidente de l’association
refusait de tomber dans les stéréotypes graphiques de verts, ocres, des
terres de Sienne et de motifs trop folkloriques pour illustrer son activité, qui
prise hors du contexte pourrait être fondée sur n’importe quel autre continent.
Elle-même pensait qu’en utilisant ces éléments graphiques, son activité serait
cataloguée au rang des associations à but humanitaire ; or, ce n’est pas le cas.
Dans le monde du prêt à porter, nous allons prendre l’exemple d’Eram qui
sort une collection « Tribal » ce printemps ; la chaîne de magasin présente une
nouvelle gamme de sandales (des spartiates aux sarraiziennes en passant par
les tongues). Leurs particularités ? Les coloris : rouge, vert, jaune, noir, ocre,
marron, la matière : du cuir pour les lanières et une matière synthétique très
légère et malléable pour la semelle. Le piège est que cette collection nommée
globalement « tribal » est illustrée par des motifs et des masques passablement
« africanisants ». Où sont passées les autres tribus localisées sur les autres
continents du monde? Serait-ce à dire que tout ce qui se dit ethnique est africain
? Que les africains ne portent que des sandales à lanières en cuir ?
Non, certainement pas, mais le fait est que les espaces commerçants, et les
espaces publicitaires créent des stéréotypes visuels pour leurs besoins professionnels
peut-être. Ils s’approprient des éléments graphiques et les insèrent
dans un contexte qu’ils auraient élaboré a priori. Si on va chez le magasin
d’ameublement japonais Muji, tout nous inspire nos aprioris sur le japon ; le
côté épuré et fonctionnel des choses, la simplicité, la rigueur, le design intemporel,
l’optimisation de l’espace dans la scénographie des magasins de la
chaîne. On oublierait presque l’extrême, mais subtile extravagance des geishas
qui était quand même la parfaite sublimation du futile et du superficiel.
Ceci est une opinion personnelle, elle sert juste à démontrer qu’à travers la
mondialisation, l’essentiel des cultures est mis à l’index et ne sont mis en
exergue que les pans, qui sont pour des exploitants, aisément exportables.
C’est en ce sens que l’on pourrait considérer que les cultures ethniques et leurs
représentations graphiques sont noyées dans un espace mercantile, où l’on
construit son image sur des préjugés. Les événements à caractère ethnique
s’annulent presque, car ils sont comme mis en concurrence.
Nous allons voir si ces principes de concurrence et de stéréotypes remarqués
dans l’espace urbain se retrouvent dans les lieux (généralement non marchant)
consacrés aux arts et aux graphismes ethniques.
b)-les lieux consacrés sont-ils adaptés ?
Les lieux consacrés se divisent en plusieurs catégories. Il y a des espaces réservés
à l’intérieur de musées, plus généralistes comme le musée du Louvre ou
les galeries donnant une place aux oeuvres ethniques ponctuellement. On ne
Elodie Molia - Juin 2011