Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design

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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2
mise en abîme de l’art ; toujours de nouvelles réponses à la question de savoir
ce qu’est l’art.
Alors qu’avant cette époque, l’art était tourné vers la représentation de la
nature et celle de l’Homme ; alors qu’il était considéré comme un intermédiaire
entre le sensible et l’intelligible, il devient un langage hermétique qui
ne parle qu’à un cercle d’initiés. On peut se demander comment cet écart de
conduite a pu se produire par l’intermédiaire des cubistes alors inspirés par les
sculptures africaines qui eux sont imprégnés et voués à un symbolisme structural
(Claude Lévi-Strauss) 27 , qui puise son énergie et ses formes dans les
structures sociales et dans la nature. On remarque d’ailleurs que les mouvements
artistiques qui ont eu le plus de succès au cours du XX ème siècle, et qui
inspirent encore, sont ceux qui ont utilisé comme référent l’Homme et sa vie
de tous les jours : le Pop Art pour ne citer que lui.
C’est à travers cette petite explication, que nous pouvons tenter de comprendre
en quoi les enjeux et méthodes de l’art occidental ne suffisent plus à nourrir la
sensibilité du plus grand nombre d’entre nous. Comme au début du vingtième
siècle, les créateurs ont besoin de nouveaux référents pour avancer. Encore
une fois c’est dans d’autres cultures qu’ils vont les chercher. Si nous faisons
un parallèle avec l’analogie du lit de Platon, on peut penser que celui qu’on
appelle artiste a tant copié et recopié le lit du même artisan que l’idée même
du lit s’est dérobée face à son interprétation.
C’est un cycle qui ne finit jamais ; on a comme l’impression que les cultures
et les différents points de vue sont liés et nécessaires entre eux. Les arts occidentaux
explorent la nature de l’art, les arts ethniques, la nature de l’Homme.
Ne sont-ils pas complémentaires ?
Si nous prenons un exemple concret, nous irons voir les formes abstraites dans
nos deux pans ; alors que chez les aborigènes c’est la façon la plus adéquate
de décrire une chose immatérielle tel que le « rêve », l’art abstrait occidental
a tenté d’immatérialiser une chose qui, elle, était matérielle (à commencer par
l’objet). D’un côté, ce sont les sujets qui déterminent la forme sans restriction
de style, de l’autre c’est le style qui définit la forme. Même si les formes
se ressemblent, les intentions ne sont pas toujours les mêmes. Nous sommes
donc bien à la recherche de nouveaux signes et de nouvelles formes qui nous
manquent pour établir de nouveaux langages symboliques.
Mais alors le contenu des œuvres n’a t-il aucune importance pour nous ? Nous
ne pouvons pas non plus affirmer de tels propos lorsque nous voyons toutes
les tentatives d’ouverture sur ces cultures d’ailleurs à travers la littérature, les
expositions, et mêmes les mœurs en passant par la cuisine, les rites traditionnels
et les modes vestimentaires motivées par L’Unesco : Patrimoine Culturel
Immatériel.
Ce léger spleen de la part des occidentaux est peut-être dû au fait que notre
civilisation actuelle est justement le fruit d’un brassage de cultures et nous
avons besoin de tous ces référents qui demeurent en nous consciemment ou
non.
Je ne sais pas qui a dit que la chair est sensible et ses cultures sont sensuelles,
plus sensibles qu’intelligibles. Des couleurs qui titillent inspirées par des
couleurs de la nature (puisque elles sont constituées de pigments naturels), des
matières, de la rugosité, du relief, des sensations fortes à travers des œuvres.
27. voir annexe sur le symbolisme (p.55)
Elodie Molia - Juin 2011