Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design

Introduction:
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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2
Dans une société de consommation où « ethnique » devient un phénomène
de mode, il est important de lever quelques voiles historiques avant de parler
de Graphisme ethnique. Nous savons que les origines de l’art et plus tard
du graphisme sont diverses et extrêmement complexes ; ce que nous ignorons
c’est à quel point elles ont influencé nos comportements et nos mœurs à
travers des siècles d’acculturation et d’échanges culturels.
La civilisation contemporaine est le produit d’une transformation progressive
qui se traduit à travers la culture et notamment par les références visuelles qui
nous entourent. En effet, dès le XVe siècle et surtout au XVIe siècle, des grands
explorateurs, tels que Bartolomeu Dias, Cristophe Colomb, Cortès, Magellan,
Marco Polo, pour ne citer qu’eux, vont à la rencontre de contrées inconnues
telles que l’Afrique, les Antilles, l’Inde, les Amériques et l’Asie. Ils y découvrent
des richesses inestimables qu’ils considéreront comme sous-exploitées ;
en-dehors des ressources agricoles vastes et diversifiées, les explorateurs sont
fascinés par les sculptures, l’architecture, les signes mystiques, les dessins
et les textiles réalisés par les autochtones ou leurs ancêtres. Au-delà de leurs
valeurs culturelles ou cultuelles, ils y verront un apport commercial non négligeable.
Le commerce extra continental n’amenait pas que des esclaves ou
des denrées exotiques. Il emmène avec lui les vestiges de civilisations encore
incomprises par les européens à l’époque. La curiosité des souverains et des
scientifiques engraisse le commerce de ces œuvres ; celles-ci vont révéler au
monde occidental de nouvelles conceptions du monde, qui vont d’abord intéresser
les scientifiques puis des siècles plus tard des littéraires comme Voltaire
ou Marivaux, puis des artistes célèbres comme Picasso, Braque ou André
Breton, par le biais des expositions universelles, et particulièrement celles de
Paris et de Londres au XVIII ème siècle.
La colonisation, épisode tabou de l’Histoire, est néanmoins un pan décisif qui
va transformer le monde considérablement. Des ethnographes puis anthropologues
vont manifester un intérêt croissant pour ses objets « exotiques » allant
jusqu’à élaborer de nouvelles disciplines dont l’Anthropologie de l’Art. Erwin
Panofsky est l’un de ces théoriciens. Son étude portera d’une part, sur le fait
que chaque culture, en vertu de ses connaissances, puisse mettre en adéquation
le réel et ses techniques et règles pour le représenter, d’autre part sur la
capacité des hommes à se rendre compte qu’ils ont le pouvoir de produire des
objets et des images inédits tels que la nature le fait avec les phénomènes.
Erwin Panofsky pose, d’ores et déjà, la question de l’intentionnalité dans l’art
à partir de ces fameuses œuvres venues du bout du monde.
Sans vouloir transformer l’Histoire de l’Art, c’est bien à partir de cette époque
qu’on va se détacher plus ou moins radicalement du mimétisme de la nature.
La vérité peut se trouver ailleurs. Des philosophes grecs avant J-C l’avaient
déjà compris, mais ces théories vont radicalement se matérialiser à travers ce
qu’ils vont naïvement nommer « les arts premiers ». Inutile, aussi de rajouter
que, non seulement, ces théories et constats vont ouvrir de nouveaux champs
visuels, artistiques, scientifiques, sociologiques, mais ils vont aussi donner le
jour à de nouvelles disciplines.
Elodie Molia - Juin 2011