Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design
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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2<br />
B. adapter et s’adapter<br />
Le <strong>design</strong>er face <strong>au</strong> contexte qui nous intéresse, à savoir le <strong>sens</strong> du graphisme<br />
ethnique <strong>au</strong>jourd’hui, se retrouve dans deux situations différentes lorsqu’il doit<br />
répondre à une commande. Soit le <strong>design</strong>er a une influence ethnique marquée,<br />
soit c’est le sujet même de la commande qui porte en lui des particularités<br />
culturelles incontournables (et qui ne seront pas forcément les siennes). Et<br />
c’est là que se joue la vocation du graphiste : qui est celle de relever les défis,<br />
de matérialiser l’impalpable, de faire concorder des choses qui ne semblent<br />
pas s’accorder... De rendre visible l’invisible, de retranscrire des idées qui ne<br />
sont pas les siennes à travers sa propre écriture graphique et sa propre conception<br />
des choses.<br />
Nous citerons quelques exemples de <strong>design</strong>ers confrontés à ce « problème »<br />
dans le cadre de l’élaboration des réponses <strong>au</strong>x commandes.<br />
a) « Les enjeux et les contraintes du commanditaire doivent devenir ceux<br />
du graphiste »<br />
D’un côté nous avons Roger Oddone 32 , graphiste brésilien qui conçoit le logo<br />
« ethnique », une marque de cosmétique brésilienne. Son point de départ pour<br />
la composition du logotype est un bijou en forme de masque ; les traits sont<br />
tant similaires que l’on ne peut pas déterminer s’il s’agit de la reproduction<br />
d’un masque brésilien ou africain ; fruit d’un métissage antérieur ? Peut-être.<br />
Mais il f<strong>au</strong>t toutefois noter que la population brésilienne est <strong>au</strong>ssi le produit de<br />
la colonisation et que l’Afrique et le Brésil ont be<strong>au</strong>coup de points culturels<br />
en commun à commencer par le V<strong>au</strong>dou.<br />
L’utilisation du masque par Oddone, pour un thème <strong>au</strong>ssi diversifié, paraissait<br />
évident : cet objet étant commun à pratiquement toutes civilisations (et même<br />
en Grèce antique). Il représente un idéal, d’un point de vue esthétique ou<br />
d’un point de vue mystique à l’image des statuettes stéatopyges ou callipyges<br />
retrouvées <strong>au</strong> paléolithique ; elles étaient très probablement liées <strong>au</strong> culte de<br />
la fécondité, en effet, une femme <strong>au</strong> bassin large est considérée comme étant<br />
plus apte à porter l’enfant d’où la notion d’idéalisme dans la représentation.<br />
Il était donc facile de confondre le masque à la notion d’ethnique. Le graphiste<br />
va ensuite s’approprier la lettre « E » qui l’intéressait ici. Il transforme un signe<br />
ethnique en symbole occidentale. Le « E » de l’alphabet grec. Le choix de la<br />
palette graphique est assez attendue ; du rouge, du j<strong>au</strong>ne, des ocres et terres de<br />
sienne. Pour ce qui est de l’image c’est toujours plus libre, mais le choix de la<br />
typo est toujours délicat ; ici nous avons une bas de casse d’un caractère dont<br />
on ne s<strong>au</strong>rait dire s’il est en serif ou sans serif, dont on ne s<strong>au</strong>rait dire s’il est<br />
regular ou italique, un typrogramme métissé. L’alliance du typogramme et du<br />
logotype fonctionne plutôt bien.<br />
Mais lorsque le même Roger Oddone s’attaque à un sujet comme Perdigao, une<br />
compagnie d’exportation alimentaire, ayant une portée plus ou moins internationale,<br />
la pertinence et la justesse ne sont pas toujours présents. Ceci étant<br />
dit dans «Viva », distributeur de sanitaires, la <strong>sens</strong>ibilité naturelle du graphiste<br />
est bien déployée sans enterrer le sujet. De par les formes, la composition et le<br />
sujet, le graphiste arrive à recentrer la compagnie sur sa localité : ici encore une<br />
fois le Brésil. Et lorsqu’il s’attaque à l’Europe avec Future Mechanics, société<br />
de conseil informatique, il ne perd pas de ses particularités graphiques, en<br />
32. voir les illustrations commentées en annexe (p.58)<br />
Elodie Molia - Juin 2011