Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design
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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2<br />
d’une seule civilisation ne pouvait pas répondre constamment <strong>au</strong>x besoins<br />
d’une population d’origines diverses et en évolution perpétuelle.<br />
Le logo de Kenzo est intemporel et universel. Xavier de Bascher réussit à ce<br />
que l’on confonde la culture asiatique et la culture occidentale.<br />
Même-si Saki Mafundikwa 40 tend à créer un nouve<strong>au</strong> langage africain et<br />
contemporain, il ne peut omettre tout ce qu’il a appris et vu à New-York<br />
pendant des années. Et il ne f<strong>au</strong>t pas oublier que s’il doit faire avec le continent<br />
africain seulement, le métissage des ethnies, des cultures ne peut être<br />
évité lorsque l’on passe du nord <strong>au</strong> sud et de l’est à l’ouest (Afrikan Aphalbet.<br />
S.Mafundikwa).<br />
Même ma propre pratique est métissée à mon insu ; et ici ce n’est pas de<br />
l’acculturation, c’est juste un héritage génétique et culturel. Ce qui amène une<br />
<strong>au</strong>tre question; à savoir si c’est le métissage de plus en plus commun dans<br />
la société qui influe logiquement sur les écritures graphiques de ces populations<br />
qui ne peuvent pas se reconnaître dans une civilisation localisée particulière.<br />
Dans ce cas la théorie du graphisme métissé tient probablement la<br />
route. Revenons sur l’esthétique hippie qui était à bien des égards le fruit d’un<br />
maillage entre divers univers graphiques : un mélange d’esthétique indienne,<br />
et d’imagerie et de motifs populaires occident<strong>au</strong>x <strong>au</strong>x couleurs dont on ne<br />
s<strong>au</strong>rait définir si elles étaient typées africaines ou occidentales... Autant dans<br />
l’idéologie que dans la retranscription culturelle et médiatique la « culture »<br />
hippie est le produit d’une civilisation <strong>au</strong>x prémices de la mondialisation. Le<br />
problème est que cette globalisation à outrance n’a cessé de faire disparaître<br />
des pans entiers de cultures ; des langues disparues, des savoirs oubliés, des<br />
habitudes délaissées à c<strong>au</strong>se de la technologie, des médiums soit disant obsolètes<br />
qui étaient inhérents <strong>au</strong> contenu... Le graphisme ethnique est ancré à des<br />
pratiques artistiques ou artisanales traditionnelles presque indissociables des<br />
outils qui les produisent. Il est donc vrai que si la technologie remplace l’outil<br />
artisanal, les productions évoluent indubitablement de manière différente et<br />
modifie la perception du signe.<br />
Il est vrai que le métissage paraît être la voie naturelle pour le graphisme<br />
contemporain que l’on reconnaît finalement comme étant également héritier<br />
du graphisme ethnique. Néanmoins, dans ce graphisme que nous connaissons<br />
<strong>au</strong>jourd’hui, la notion d’ethnique se dérobe pour des concepts superficiels et<br />
mercantiles tels que le style, la mode, la tendance, le soi disant « métissage »<br />
qui n’est que le fruit de la confusion identitaire qui se retranscrit dans nos<br />
productions. Toute fois, le graphisme contemporain ne peut exister sans le<br />
graphisme ethnique ; par ethnique, j’entends toutes les influences du pôle nord<br />
<strong>au</strong> pôle sud, les traditions qui ont nécessairement inspirées les plus grands<br />
graphistes qu’ils l’admettent ou pas, qu’ils le sachent ou pas.<br />
40. sélections d’oeuvres de Saki Mafundikwa (p.65)<br />
Elodie Molia - Juin 2011