Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design

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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2
par les allemands « nazis » pendant l’occupation. Il en va sans dire qu’on
se demanderait bien si le musée du quai Branly n’est pas juste un espace où
toutes les œuvres venues d’ailleurs seraient stockées comme dans un ghetto
« le musée des arts premiers »; « arts extra-européens, c’est par ici! ». La police
est peut-être élégante mais elle associe un énorme contresens à la vocation de
ce musée. D’autant plus que ce musée dit « musée des arts premiers » accueille
également des œuvres contemporaines de ces mêmes cultures.
Dans la question de savoir si ces lieux d’exposition sont adaptés, il y a comme
un non lieu. Surtout dans notre dernier exemple, car si le lieu en lui-même
est adapté à la présentation de ces œuvres, la communication et les messages
transmis indirectement peuvent être mal interprétés.
B. d’un code à un autre : un changement de statut qui dénature
Au début du XX ème siècle, la découverte de ces vestiges culturels venus de
plusieurs pays explorés par les européens vont créer un intérêt grandissant
pour ces statues, sculptures, peintures, dessins, gravures et bien d’autres
productions. Elles vont en inspirer beaucoup : soit dans la technique, soit dans
la forme, soit dans le fond. Elles feront l’objet de nombreuses études aussi
bien artistiques, que scientifiques ou même historiques et philosophiques. Ces
productions artisanales, ancrées dans les mœurs et la culture dont elles sont
originaires vont passer aux yeux des occidentaux au statut d’œuvres d’art.
Néanmoins comme on peut le constater dans certains écrits de Lévi-Strauss
comme « Mythologies » par exemple, l’essence de l’objet est alors oblitérée,
les origines et le but de sa création passent à un stade inférieur alors que sans
cette intention première, ces œuvres n’existeraient pas. Dès lors on se demande
si son extraction soudaine de la structure symbolique indigène (originelle), ne
nous conduit pas vers des schèmes erronés ? En d’autres termes, nous nous
demandons si cette élévation au rang d’œuvre d’art ne dénaturalise pas ces
productions autochtones.
a)- Du sable à la galerie , du mystique à l’esthétique
Nous avons évoqué précédemment l’espace dans lequel est dévolu le
graphisme ethnique tel que nous le percevons dans notre espace urbain. Mais
si nous le regardions sur son lieu de création originel, ou si nous pouvions
percevoir l’ascendance des rituels sur ces œuvres, alors notre compréhension
vis-à-vis de ces signes et formes captivants serait moins obscure, et légitimée
par un contexte crédible.
Les Temps du Rêve 20 ou Pistes de rêves (titre donné à l’ouvrage de Barbara
Glowczewski : Pistes de rêves : voyage en terres aborigènes) des aborigènes
nous offrent ce double point de vue, et nous permettent d’appréhender la
double faculté du graphisme ethnique (plus généralement) et de l’art aborigène
plus particulièrement.
En effet, les œuvres aborigènes dites « Temps du Rêve » sont des retranscriptions
de rites initiatiques ; les dessins éphémères sur le sable des territoires
revendiqués des aborigènes australiens sont à la fois des représentations de
leur propre espace mais aussi celui de leurs ancêtres qui ont autrefois modelé
20. Définition du Temps du Rêve en annexe (p.49)
Elodie Molia - Juin 2011