Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design

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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2
mode ; des directeurs artistiques comme Christian Lacroix et Sacha Walckhoff
25 qui introduisent des motifs d’animaux africains dans la dernière collection
de la maison de prêt-à-porter. Puis le « style ethnique » tel qu’on l’appelle dans
les magazines de mode entrent dans nos intérieurs par le biais, de mobiliers,
de papiers peints, de blancs, et tout ce qui peut avoir attrait à la maison. La
question de l’effet de mode devient alors évidente.
Ne serait-ce donc qu’une passade? L’art ethnique ne serait-il qu’un style?
Apparemment, non puisque les spécialistes parlent d’un retour de cette
tendance. Et surtout d’une transformation dans l’utilisation de ces motifs qui
étaient perçus avant comme étant kitsch ou mal coordonnés.
Désormais, on apprend à l’utiliser avec parcimonie et subtilité. Le motif animal
est revisité et réinventé. Ainsi la peau zébrée pourra être rose et jaune, systématisée
et géométrisée. Le designer s’approprie totalement le signe, il le fait
évoluer d’une manière inattendue. Mais l’évocation perpétuelle de l’Afrique
sauvage, de la faune, de l’instinctif et de la chaleur demeurera toujours dans
ces éléments naturellement graphiques, et ce quelle qu’en sera la forme finale
choisie par le designer.
On remarque différents stades de mutation; d’un côté les designers vont
s’inspirer de ou travailler avec des intervenants d’origine ethnique qui vont
leur donner l’impulsion qu’ils recherchent ; de l’autre cette transformation
des signes est le produit d’une fermentation de la part de ces créateurs. Et il
s’avère que le résultat visuel de ces deux types de mutation n’est pas le même.
Nous remarquons que la mutation de ces formes pour le graphiste apparaît
nécessaire. Pour qu’il puisse les utiliser, il faut qu’il se les réapproprie d’une
manière ou d’une autre. Mais n’aurions-nous pas tendance à faire de ces
formes les nôtres en omettant les raisons pour lesquelles elles nous attirent?
Certains directeurs de création parlent de fraîcheur.
b) l’occident en mal de signes ?
« l’art moderne nous parle de l’art au lieu de nous dire les choses. Il se livre à
un jeu de plus en plus gratuit et intense sur les formes parce que le contenu se
dérobe, parce que le monde n’est plus là... L’enjeu est cependant plus grave
qu’on ne le croit. Non seulement notre société de haute technologie et d’industrialisation
extensive met en danger le monde naturel mais, selon la même
logique, menace les autres civilisations. La nôtre, si puissante, si dominatrice,
est devenue essentiellement parasitaire.» 26
On pourrait se demander pourquoi l’art ethnique attire un public aussi vaste
et varié ? Pourquoi de nombreux artistes et designers vont chercher leur inspiration
ailleurs ? On pourrait aussi envisager de se poser la question de savoir
pourquoi l’art de l’occident est de moins en moins un modèle pour les artistes
et graphistes contemporains ? Nous pouvons envisager un début de réponse
en recherchant l’origine de ce léger détournement ; en effet, l’art occidental à
partir de la fin du XIX ème siècle avec les impressionnistes et au début du XX ème
siècle avec les cubistes, délaisse la nature du modèle et le mimétisme et se
tournent vers l’objet de la peinture en tant que tel. Les artistes se mettent à
réfléchir sur l’art et plus sur l’objet. L’art devient de plus en plus autonome et
le sujet de la peinture pour la plupart des grands artistes à venir n’est qu’une
25. images de Christian Lacroix et Sacha Walckhoff en annexe (p.52)
26. Claude Lévi-Strauss cité par Marcel Henaff_complément en annexe (p.55)
Elodie Molia - Juin 2011