Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design
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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2<br />
matérialisant l’idée d’innovation par des caractères abstraits que l’on retrouve<br />
souvent dans les peintures d’artistes de la diaspora africaine mais qui n’a en<br />
fait pas de réelles souches localisées. Le choix de la couleur est <strong>au</strong>ssi pertinent ;<br />
une couleur que l’on ne retrouve que très rarement dans la nature, elle aspire<br />
à la pureté et <strong>au</strong> divin, elle inspire de nouve<strong>au</strong>x horizons. On ne retrouve<br />
ce genre de bleu turquoise que dans les e<strong>au</strong>x caribéennes, tropicales, et <strong>au</strong>x<br />
abords de l’équateur. Pour Roger Oddone, l’adaptation est réussie dans les<br />
deux <strong>sens</strong>.<br />
b) Les enjeux du commanditaire sont parfois délaissés <strong>au</strong> profit de la<br />
personnalité du graphiste. 33<br />
Le jeu de l’échange entre les influences du commanditaire et du <strong>design</strong>er<br />
graphique n’est toute fois pas toujours respecté. On le voit be<strong>au</strong>coup dans<br />
le graphisme contemporain, les <strong>design</strong>ers privilégiant de loin leur identité<br />
graphique par rapport à l’identité de leur commanditaire. Sur le blog African<br />
digital art, il a été reproché à un projet de ne pas respecter cette équité entre<br />
le graphiste et le commanditaire. On a désapprouvé le fait que le sujet, qui<br />
concernait spécifiquement l’Afrique ait été occidentalisé. Le projet en question<br />
est un livre Future of Technologies in Africa conçu par Roquefort, un<br />
collectif franco-néerlandais. Je cite l’un des blogueurs : « je ne comprends pas<br />
pourquoi le Futur de la technologie en Afrique est conçu avec des européens,<br />
si les gens comprennent que c’est notre futur africain et pas nous, c’est un vrai<br />
problème. Et le <strong>design</strong> de la couverture révèle une inspiration européenne, ne<br />
serait-il pas normal d’utiliser des formes du continent africain pour parler de<br />
conceptions africaines.». C’est vrai que si le projet concerne l’Afrique et avant<br />
tout, les africains, n’est-il pas normal que ceux-ci prennent part <strong>au</strong> projet dès le<br />
départ ; leur permettant de s’approprier ou d’appréhender le sujet de manière<br />
graphique. La technologie doit-elle éliminer leur identité et leur culture pour<br />
<strong>au</strong>tant? Les graphistes de Roquefort n’ont pas su s’effacer face <strong>au</strong> sujet ou ils<br />
l’ont regardé du m<strong>au</strong>vais point de vue. Car un projet de cette ampleur inclue<br />
<strong>au</strong>ssi et surtout les hommes qui vont ensuite vivre dans ce nouvel environnement<br />
(en espérant que ce sera bien le cas pour les africains). Ils ont réduit le<br />
sujet à leur simple vision des choses, conception propre du graphisme et non<br />
à la portée réelle du sujet qui là, était l’Afrique. Même si l’on parle de Futur,<br />
rien ne dit que l’art africain n’a de valeur que dans le primitivisme et est ancré<br />
dans le passé. Au contraire, les artistes africains ont développé de nouvelles<br />
technologies comme tous les <strong>au</strong>tres et proposent des choses <strong>au</strong>ssi <strong>sens</strong>ibles<br />
qu’innovantes. A l’exemple de Saki Mafundikwa et de tous les élèves qui<br />
sortent de l’école de Ziva (Zimbabwe Institute of Vigital Arts). En regard <strong>au</strong>ssi<br />
de l’Art contemporain africain, qui prend de plus en plus part <strong>au</strong>x manifestations<br />
internationales mais qui commence à peine à se faire un chemin dans les<br />
galeries françaises. (l’Intemporel, JM’Art, Le musée des arts derniers).<br />
Nous n’affirmons pas ici que tout sujet lié de près ou de loin à une culture<br />
« folklorique » doit la représenter de manière pittoresque et stéréotypante.<br />
Nous disons juste qu’elle ne doit pas négliger ces distinctions. Par exemple,<br />
le musée des arts derniers, galerie d’art contemporain spécialisée dans les<br />
artistes africains, elle ne veut néanmoins pas ghettoiser et stéréotyper l’image<br />
de la galerie qui se veut avant tout une galerie contemporaine. Il est alors<br />
33. voir les illustrations commentées en annexe (p.59)<br />
Elodie Molia - Juin 2011