Quel sens donner au Graphisme ethniQue ? - graphic design
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Mémoire professionnel - Bachelor Graphic Design 2<br />
peut pas dans ce cas définir réellement l’enjeu et la cohérence de ces lieux vis<br />
à vis des arts ethniques. Quand je parle de cohérence, j’entends par là l’identité<br />
visuelle, la communication et la scénographie de ceux-ci. Les éléments cités<br />
seront souvent inadaptés ou encore complètement étrangers à notre thème. Ils<br />
ne s’adressent pas forcément <strong>au</strong>x amateurs ou connaisseurs. Ils seront donc<br />
probablement peu mis en valeur par rapport <strong>au</strong>x oeuvres d’<strong>au</strong>tres civilisations.<br />
Nous avons encore deux types de lieux à examiner. Dans un premier temps,<br />
observons le musée Dapper 17 , qui lui est spécialisé dans les arts ethniques,<br />
certes, mais surtout concentré sur les productions des ethnies d’Afrique subsaharienne<br />
et leurs descendants dans la Caraïbe. Le logo du musée Dapper,<br />
bien qu’évoquant l’empire du soleil levant, reprendra les formes épurées de<br />
l’une des pièces maîtresse de l’exposition «Parure de tête »; elle s’appelle le<br />
Téké (c’est un appuie tête). C’est ainsi qu’il affirme clairement sa position<br />
dans l’espace muséal et culturel parisien. L’architecture et la scénographie<br />
du musée nous plonge dans une atmosphère mystique ; des couleurs écrues,<br />
lumières tamisées, exposition sur plusieurs étages, comme si on accédait à<br />
différents nive<strong>au</strong>x de connaissance. Notre visite est mise en scène comme<br />
un parcours initiatique. Et lorsque nous avons fait le tour, nous revenons <strong>au</strong><br />
savoir et accédons à la librairie <strong>au</strong> sous-sol, telle une grotte où un sage nous<br />
attendrait patiemment pour nous questionner sur nos découvertes. Les oeuvres<br />
sont rarement placées derrière des vitres (si c’est le cas, c’est qu’elles sont<br />
extrêment fragiles) contrairement <strong>au</strong> musée du Louvre ou elles le sont presque<br />
systématiquement. En bref, l’atmosphère est très intimiste et chaleureuse;<br />
l’appel <strong>au</strong> rituel est tout à fait pertinent et le logo répond légitement <strong>au</strong>x désirs<br />
des connaisseurs et des amateurs d’art africain.<br />
Notre troisième espace référent est plus délicat car il s’agit maintenant d’un<br />
endroit consacré à des oeuvres ethniques bien distinctes, bien que toutes<br />
qualifiées «d’arts primitifs ». Comment créer un espace unique qui pourra<br />
s’identifier à toutes ces civilisations à la fois : maya, inca, tutsi, dogon, kanak,<br />
walipiri, pintupi, hindou et bien d’<strong>au</strong>tres. Pouvait-on trouver un signe qui<br />
les réunirait tous? Le musée du quai branly n’a pas fait ce choix. Mais l’impulsion<br />
donnée à l’élaboration de ce musée, tant dans l’architecture de Jean<br />
Nouvel que dans la scénographie, a été de bon <strong>au</strong>gure et en cohérence avec les<br />
impressions générales que laissent toutes ces civilisations ; celle du mystère,<br />
du spirituel, du folklorique, de l’historique, du <strong>sens</strong>ible et surtout ce perpétuel<br />
rapport avec la nature qu’ont gardé ces civilisation. Le musée du quai Branly<br />
apparaît comme un espace de liberté où les cultures peuvent se rencontrer<br />
sans se heurter. L’identité visuelle répond de manière assez juste à ce besoin<br />
de laisser parler les oeuvres d’elles-mêmes. Mais il reste un hic, c’est pour<br />
moi le choix du logo. Le collectif Polymago a choisi de partir de l’origine de<br />
la création du musée se matérialisant par la sculpture Chupicuaro 18 . Jusque<br />
là le raisonnement se tient, la baseline est applicable, mais la typographie<br />
employée nous laisse plus ou moins pantois. La DIN Deutsches Institut für<br />
Normung (German Institute for Standardization) ; une typo utilisée par les<br />
Nazis, en Allemagne puis dans tous les pays de l’éphémère Reich d’Hitler.<br />
Une typo de signalisation et de normalisation. Nous ne nous étalerons pas<br />
ici sur tous les sous-entendus que pourraient évoquer la juxtaposition d’une<br />
sculpture mexicaine et une typographie utilisée et presque que commandée<br />
17. présentation du musée Dapper en annexe (p.47)<br />
18. histoire du logo du Quai Branly (p.48)<br />
Elodie Molia - Juin 2011