La Déesse de Grattavache - Margelle

Il sourit. Il devait connaître cette chanson de Bécaud, le contraire était
impossible.
Il joua le jeu :
Très loin !
Tu as mis longtemps ?
Si tu savais !
- Et pourquoi t’es pâle ?
Je ne suis pas sûr d’aimer ton monde.
As-tu des enfants ? / Beau-coup !
J’te fais le p’tit déj ? / Oh oui !
Tu sais dessiner ? / Bien sûr…
Fais-moi un dessin. / Voilà !
C’est Marie - Madeleine ? / C’est elle.
C’est beau chez toi ? / Trrrrès beau !
Vraiment très beau ? / Mais ça va changer.
T’es venu comment ? / En trombe !
Tu as une maman ? / Ma-rie.
Qu’est-ce t’as aux mains ? / Rien….
Qu’est-ce t’as aux mains ? / Des marques.
Qu’est-ce qui t’fait pleurer ? / Ton monde.
Mais tu sais, quand je reviendrai chez les miens,
quand je reviendrai ça sera bien, bien, bien !
La musique que je venais d’évoquer s’estompa. Comment parler au fils de
l’homme si ce n’est en musique ? On n’avait pas vraiment respecté le texte 1 mais
la musique nous avait portés. Il y a toujours une chanson pour dire quelque chose
à quelqu’un, vous savez. Là ç’avait été facile. J’avais plein de questions. Tout
était tellement irréel dans cette histoire que l’arrivée d’un Jésus chevaucheur de
trombes c’était quasi banal, pas plus étrange que la Déesse de Grattavache et, à
tout prendre, Diamant Noir. Mais qu’avais-je fait ? Je jetai un discret coup d’œil
sur le Net et trouvai, sous “Jésus” cent soixante-quinze millions de réponse en
0,12 seconde et rien qu’en français. Je soupirai de soulagement, mes conneries
n’avaient pas changé le cours de l’histoire, il allait forcément retourner… là-bas.
1 T’es venu de loin, paroles de Louis Amada et musique de Gilbert Bécaud, 1964, dans un
style très gospel. Superbe.
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