La Déesse de Grattavache - Margelle

ment les mecs qui passent à leur portée. Nous portons tous un label collé sur le
front (ou ailleurs) sur lequel des titres variables sont apposés. Épousable, a du
fric, sortable, jetable, hors de ma portée (mmmm, celui-là ne doit pas exister), à ma
botte (facile), va aimer ceci et cela, etc. Finalement Saint Eric Zemmour 1 avait
raison, nous étions devenus des objets, juste ou injuste retour des choses. Les
dits objets étaient très paumés. C’est pour décrire leur désarroi que j’ai inventé
le syndrome du Bernard-l’Ermite. Que dit-il ? Il parle de la guerre des signes qui
fait rage entre hommes et femmes.
Les hommes, dans leurs rapports avec les femmes, sont très facilement conditionnés
par les signes de séduction. Il existe des codes de séduction majeurs
et mineurs. Les majeurs sont réels, physiques, naturels, les mineurs virtuels ou
artificiels. Le timbre d’une voix, une manière de marcher, la couleur des cheveux,
des sourcils fournis ou des jambes bien dessinées sont des signes majeurs,
ils disent quelque chose de la personne qui les émet, volontairement ou pas.
Les codes mineurs sont sans exception artificiels et redoutablement efficaces.
L’usage des seconds chez les femmes est un langage qui est devenu ordinaire,
pour nous c’est quelque chose de subi. Imaginons qu’une partie de nos codes
réagit automatiquement à certains types de signaux. Le monde actuel pratique
le commerce des codes mineurs, c’est l’un des plus grands marchés du monde.
Avec les effets directs et indirects (feedback) nous ne savons plus vraiment pour
qui ou pour quoi nous nous excitons. Il n’était pas obligatoire de s’exciter devant
une fille en talons aujourd’hui ça l’est. Inutile de le demander, elles vous l’offrent
dans le package. Idem pour les minijupes, les hauts et tout ce que vous connaissez
très bien. Remarquez que, personnellement, j’aime !
Mais les hommes doivent faire face à des femmes apparence et leur grand
problème n’est pas de les désirer, ça marche très bien, c’est de savoir un jour qui
habite dans cette coquille. D’où cette idée du Bernard-l’Ermite. Vous regardez
une superbe coquille et vous vous demandez qui habite là. Surprise, en insistant
un peu, une sorte de petit crabe à dix pattes, un Paguroidea qui a squatté une
coquille laissée à l’abandon, en sort maladroitement. Le Bernard-l’Ermite n’est
pas très sexy, vous vous attendez aux blancheurs nacrées d’un grand mollusque
mais non, il y a quelqu’un à l’intérieur, vous voyez sortir des pattes en quantité,
des yeux pédonculés, ça n’est pas l’image que vous aviez envie de voir.
1 Auteur du Premier sexe, il a été canonisé dans l’Été Jolene. DmA
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