La Déesse de Grattavache - Margelle

plus vive. Il n’était pas loin de son but. Qu’avait-il réellement appris de l’état
de ce monde ? Dans les premiers jours rien de bon. Tout ce que qu’il avait dit
dans le Pays Ancien, dans la terre des hommes comme dans le désert, tout s’était
modifié, utilisé, retourné contre l’humanité au profit des marchands. L’argent
régnait. Moloch avait gagné la partie. La religion était une arme aux mains du
pouvoir. Jésus avait enseigné que la religion est la pire des maladies. Qu’elle
sert à unifier des peuples pour un destin malheureux. Il était allé, quand tous
dormaient, dans les terres du pays d’Amérique et il y avait trouvé des justes. Il
avait scanné le monde en esprit. La carte animique de cette planète était terrible.
Les âmes se polluaient plus vite que les mers, les forêts et l’atmosphère. Sa
grande interrogation était de savoir s’il reprendrait sa croisade contre les riches
où s’il déciderait simplement d’être au monde. Avec simplicité. Il s’en ouvrit à
Berger. Le vieil homme avait su entrevoir des mondes virtuels superbes mais,
pour celui-ci, il manquait d’espoir. Jésus lui parla de Grattavache et du centre de
l’Univers. « Ce centre est en toi », rit Berger que l’idée amusa beaucoup. Pour
que tout s’ajuste, pour que tout prenne un sens, il faudrait un miracle. C’est-àdire
penser quelque chose de bien avec force. Un miracle ? C’était faisable. Qui
mieux que lui connaissait la huitième loi ? Il l’avait inventée.
Son autre nom, c’est la foi.
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