La Déesse de Grattavache - Margelle

mière fois que je subissais la loi d’une femme et généralement c’était délicieux
mais là j’étais tombé sur une Furie. Elle avait l’air d’adorer ce jeu et j’avais
même l’impression que ça l’excitait. Si seulement elle avait été une allumeuse,
tout eut été facile. Je l’aurais massacrée psychologiquement, je lui aurais fait
perdre toute sa morgue de “fille” avant de la virer. Mais non, elle n’était pas une
allumeuse, elle était belle, intelligente, rapide et, en fonction d’un plan dont je
ne savais rien, elle me tenait et me frustrait à mort. Je cherchais désespérément
son motif. Merde ! Après tout, j’avais bien le droit dans ce onzième bouquin,
après m’être conduit si décemment avec les femmes au cours des trois ou quatre
mille pages précédentes, de savourer les vieux parfums du temps des légendes 1
du masochisme masculin. Je n’allais pas laisser ça aux Ricains.
J’assumais, je tenais le coup. Tout en supputant l’inévitable réaction qui, tôt
ou tard, allait se produire. Laquelle ? Je vais vous donner le nom de ses petits
cousins : Sainte Hélène, Krakatau, Vésuvius, Montagne Pelée, Popocatepetl
et Pic de Dante. Ce dernier me convenait assez, mon nuage spermoplasmique
brûlant fondrait sur Diamant Noir à la vitesse de la vengeance absolue. Car dans
peu de temps viendrait l’inévitable bifurcation : soit elle me tuerait (je l’en savais
capable) soit j’exploserais et je la liquiderais. Ce jour-là, cette heure-là, vous
ferez mieux de ne pas vous trouver sur mon passage. Parce que j’aurais l’allure
et l‘énergie d’un tricératops au galop. Je le pressentais.
Je ne bandais pas ? Mon cul ! Ça ne saurait tarder. Et avec ce grief tout neuf je
la crucifierais, la démantèlerais, y ferais passer mon tracteur testotéronique. Je
réduirais cette vierge cruelle en chose pantelante, soumise et contrainte, littéralement
tricératopée.
Non mais !
1 Toujours Pierrot Lunaire : O alter Duft aus MärchenZeit !
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