La Déesse de Grattavache - Margelle
La Déesse de Grattavache - Margelle
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- Écoute, lui dis-je, mesurant mon audace, écoute, dans le mot compassion il<br />
y a celui <strong>de</strong> passion. Je connais bien le peuple américain et je n’irais jamais dire<br />
qu’il est le pire <strong>de</strong> tous ceux qui habitent ce mon<strong>de</strong>. Mais, si tu es là - même si<br />
je ne fais que te rêver - il y a une raison et tu la connais mieux que tous. L’argent<br />
et son culte nous étouffent tous et cela vient essentiellement <strong>de</strong> l’Amérique qui<br />
sait mieux que quiconque systématiser les choses, qui est capable d’amplifier ce<br />
mal jusqu’à la folie que nous vivons.<br />
- Tu parles comme moi, dit-il très triste, comme moi et dans un mon<strong>de</strong> que je<br />
ne pouvais prévoir. Mais te souviens-tu <strong>de</strong> ce que mon Père avait dit à propos <strong>de</strong><br />
Sodome quand il songeait à la détruire ?<br />
- Il fallait trouver cent justes, puis seulement dix et enfin un pour sauver cette<br />
ville <strong>de</strong> l’éclair divin, dis-je, me souvenant très approximativement <strong>de</strong>s textes.<br />
Et le chargé <strong>de</strong> mission <strong>de</strong> ton Père n’en a même pas trouvé un. Alors… Flash !<br />
- J’ai vu en Amérique une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> justes, dit Jésus. Tout est à redresser,<br />
à revoir et c’est là que l’on fait le pire usage <strong>de</strong> mon nom. Cet Empire ressemble<br />
effectivement beaucoup à son modèle, l’Empire romain à qui je me suis opposé.<br />
Comme lui, il périra, il se détruira lui-même par l’usage <strong>de</strong> la force. Mais ce<br />
n’est le fait que d’une très petite minorité. Il y a tant <strong>de</strong> bonté dans ce peuple<br />
qu’il n’est pas nécessaire <strong>de</strong> trouver cent justes, ils sont innombrables, ils sont<br />
en vérité cachés et très malheureux. J’ai vu une gran<strong>de</strong> misère en Amérique, elle<br />
tente <strong>de</strong> la cacher mais les pauvres reviennent, pour la gran<strong>de</strong> colère <strong>de</strong>s dirigeants,<br />
pour le grand embarras du pouvoir.<br />
- C’est justement le pays <strong>de</strong> la violence, celui qui exploite ton nom pour le<br />
pouvoir.<br />
- Jacques, la religion est la pire <strong>de</strong>s maladies. Elle sert quelquefois à unifier<br />
<strong>de</strong>s peuples dans un <strong>de</strong>stin malheureux mais je sais bien qu’elle sert à conquérir<br />
le pouvoir. Tu sais ce qui m’est arrivé à ce propos ?<br />
- J’ai lu <strong>de</strong>s textes qui parlaient <strong>de</strong> ta retraite dans le désert et <strong>de</strong>s tentations<br />
que tu as dû combattre.<br />
- Et tu n’as pas décodé le message ? Tu n’as pas saisi avec qui je parlais ?<br />
- Je te l’avoue, non. Le Malin, le Démon, Satan ou Shaïtan, je te vois transporté<br />
au sommet d’une montagne où l’on t’offre un pouvoir infini si tu adores<br />
son icône, si tu te prosternes <strong>de</strong>vant lui.<br />
Il rit.<br />
- C’est un peu ça. Tu sais très bien que je dérangeais les riches. Un jour ils se<br />
sont arrangés pour une rencontre discrète. J’ai accepté mais je savais ce qu’ils<br />
allaient me proposer. Ils m’ont offert, en effet, beaucoup <strong>de</strong> pouvoir sous la<br />
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