La Déesse de Grattavache - Margelle
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nombreux, je ne puis être que confus, tu sais. Que dire ? Tant pis pour eux, ils<br />
n’avaient qu’à habiter ailleurs, ça me paraît être une bonne formule. Je ne veux<br />
plus les voir ces gens merveilleux, la compassion est l’ennemie <strong>de</strong> l’action et<br />
ça, c’est une maxime américaine. Je ne vois rien qui puisse détourner mon bras<br />
vengeur. Au fond, tu me mets dans la position <strong>de</strong> Dieu le vieux, le Dieu <strong>de</strong>s Juifs.<br />
Alors quoi ? On démolit Sodome ? D’accord. Tu sais la seule chose qui me fait<br />
hésiter ? <strong>La</strong> beauté <strong>de</strong> ce pays. Moi, en premier, je regar<strong>de</strong> le sol. Tu connais<br />
la gran<strong>de</strong> fascination qu’exercent sur nous les paysages <strong>de</strong> l’ouest américain.<br />
Ces terres-là appartenaient aux Indiens dont les peuples ont été massacrés. Aux<br />
Indiens, aux Mexicains. Je pense malgré tout que ces endroits grandioses ont<br />
donné aux Américains <strong>de</strong>s qualités, un caractère, un sens <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur. Je te le<br />
redis, dommage qu’ils doivent mourir !<br />
- Tu t’enflammes dit la <strong>Déesse</strong> très attentive, alors, tu te déci<strong>de</strong>s Clau<strong>de</strong> ?<br />
- Ce qui me fait réfléchir c’est le résultat <strong>de</strong> ce geste, <strong>de</strong> ce bouton rouge.<br />
C’est le comment. Tu as <strong>de</strong>s pouvoirs et je suppose que si j’appuie, il se passera<br />
quelque chose. Tu sais, je vois pas du tout à quoi ressemblera la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong><br />
l’Amérique. Je vois <strong>de</strong>s tas d’alternatives mais rien qui ressemble à un incendie<br />
gigantesque, une frappe <strong>de</strong> missiles ou à l’explosion <strong>de</strong>s centrales nucléaires,<br />
comme ils adorent nous le raconter dans leurs séries. Ces gens-là nourrissent une<br />
culpabilité énorme, en plus <strong>de</strong> leur trouille, mais, une fois <strong>de</strong> plus, ils en font <strong>de</strong><br />
l’argent. Ils adorent nous raconter eux-même la fin <strong>de</strong> leur Empire. Hollywood<br />
n’a vraiment tourné qu’avec trois choses : les navets, les Nazis et les légions<br />
<strong>de</strong> l’Empire, glorieuse épopée allant <strong>de</strong>s Hommes d’honneur à la dégeula<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’Irak qui <strong>de</strong>vient très tendance… Le système récupère tout, il transforme tout en<br />
argent. Même l’idée <strong>de</strong> leur mort. Tu vois, je pense pas que l’Amérique explose.<br />
Elle a tout ce qu’il faut pour ça, elle ressemble à un énorme mélange <strong>de</strong> matières<br />
très critiques sur le point d’entrer dans une réaction en chaîne. Mais non, je<br />
pense qu’elle implosera. Pourquoi ? Parce que, entre autres choses, elle fait la<br />
guerre à son peuple, elle le massacre. Trop d’espionnage, trop <strong>de</strong> police, trop <strong>de</strong><br />
contraintes. Où est la sortie <strong>de</strong> secours ? J’entends tellement <strong>de</strong> choses, comme<br />
tout le mon<strong>de</strong>. Moi, je suis un homme simple et ça me fait réagir. Tu veux que<br />
je te dise, je crois que ces gens aujourd’hui sont tellement drogués à la Tévé<br />
que rien ne les frappe. Mais toi et moi on est allés sur le terrain. On a vu LA<br />
sous un certain angle et c’était ma première prise <strong>de</strong> conscience. Alors quand je<br />
réalise que cette nation comprend une majorité d’obèses parce que <strong>de</strong>s salauds<br />
ont mis la main sur les marchés <strong>de</strong> la bouffe, quand j’entends que personne ne<br />
va soigner ceux qui sont mala<strong>de</strong>s, quand j’entends que ce pays vient après au<br />
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