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La Déesse de Grattavache - Margelle

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pour qu’elle ne puisse voir Jésus. Je n’arrivais pas à en imaginer une et je me<br />

suis <strong>de</strong>mandé qui nous avait donné une bonne image <strong>de</strong> Dieu ? Pas les églises,<br />

les sectes ou les théologiens. Ces gens distillent <strong>de</strong> la sinistrose à longueur <strong>de</strong><br />

sermon. Bobin, peut-être dans Le Très Bas. Mais il ne parle que <strong>de</strong> Saint François<br />

d’Assise et son émotion religieuse est trop cafar<strong>de</strong>use, trop sombre. Dieu ? C’est<br />

la lumière, on a envie <strong>de</strong> le chanter, <strong>de</strong> le gueuler, pas <strong>de</strong> se dissoudre dans une<br />

mystique pénitente.<br />

Et soudain ça me revint. C’était Lelouch qui, décidément, joue un rôle dans<br />

ce livre. À la fin <strong>de</strong> l’année 1999 il avait sorti Les Parisiens, premier volet d’une<br />

suite, Le genre humain. Dans le rôle <strong>de</strong> Dieu il avait mis Ticky Holgado et le<br />

résultat est génial. C’est un mendiant qui parle à un autre sdf, dans la rue, assis<br />

sur le trottoir et son « copain brésilien » vient le voir. Le miracle est que le<br />

copain est un papillon qui fait ce voyage chaque année. Témoin <strong>de</strong> cette visite<br />

l’autre comprend à qui il parle. Dieu est très souriant, il ne dit que <strong>de</strong>s choses<br />

simples, claires. Comment le dire ? Il avait su nous montrer Dieu, ce qu’il peut<br />

être dans le mon<strong>de</strong> actuel, mieux que personne. Rien <strong>de</strong> pompeux, un homme<br />

pauvre avec beaucoup <strong>de</strong> simplicité, beaucoup d’affection.<br />

Je réalisais <strong>de</strong>ux choses difficiles. D’une part la Bible, que franchement je n’ai<br />

jamais aimée, nous proposait <strong>de</strong>ux sortes <strong>de</strong> pouvoir. Avec Dieu l’ancien c’était<br />

l’ordre et la colère. Il punissait, guidait, tuait, exigeait <strong>de</strong>s sacrifices. Avec Jésus<br />

c’était accepter l’ordre <strong>de</strong> la société, le pouvoir, ou mourir <strong>de</strong> la pire manière.<br />

L’Ancien testament et le Nouveau c’était, en somme, tuer ou être tué.<br />

Soudainement, avec une gran<strong>de</strong> luminosité, je découvris mes semblables, le<br />

peuple <strong>de</strong> cette planète, sous la forme <strong>de</strong> crucifiés. Innombrables. Le pouvoir,<br />

nommez-le Satan si vous voulez, avait fait son chemin, il s’était organisé. Combien<br />

<strong>de</strong> fois avais-je fait ce rêve dans lequel l’Amérique change les énergies<br />

animiques en énergies industrielles ? Nous étions très proches du triomphe <strong>de</strong>s<br />

valeurs matérielles et je doutais fort qu’un Dieu vienne nous sauver in extremis.<br />

Il ne s’agissait pas <strong>de</strong> grands enjeux, il s’agissait <strong>de</strong> cette machine occulte<br />

qui nous contrôlait déjà tous, il ne s’agissait que <strong>de</strong>s faibles, <strong>de</strong>s pauvres, <strong>de</strong>s<br />

exploités. Je voyais leur désespoir, je voyais clairement comment le Mal prenait<br />

possession <strong>de</strong> leurs âmes, leur donnait <strong>de</strong> faux espoirs. On avait changé les<br />

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