La Déesse de Grattavache - Margelle

de me shooter au sèche-cheveux électrique pour y arriver. 1 Je parle leur langue.
Bon début, hein ? Peut-être un poil gonflé mais la suite va vous parler. Nous
autres les mecs, tous, sans sexception, les gradus 2 , les petits, les chauves, les
membrus, les riches, les esthètes de l’art et les autres, nous sommes fragiles. Pas
sûrs de nous. Pas pour un rond.
Question approche, vous connaissez le pire moment ? Quand nous nous trouvons
à découvert, en approche de la fille. Je n’ai pas dit femme et on verra
pourquoi. Quand nous nous pointons nus, comme ça, bêtement, nous avons beau
crâner, arborer les signes de notre virilité, génie, aisance, nous sommes faciles
à descendre.
Elles ne s’en privent pas.
La chasse au mâle est ouverte, elles adorent ça ces pintades. Ça ressemble un
peu à ces fêtes foraines où vous lancez des boules sur une cible. Si vous avez
le malheur d’approcher un groupe de filles, vous êtes cuit. La première chose
qu’elles sentent, c’est notre peur. À moins d’être con, un mec a toujours peur
de se présenter, de poser sa candide(ature), de prétendre être le (re)producteur
de cette merveille. Quoi d’autre en fait ? C’est pour cela que les gars aussi se
regroupent et développent une agressivité de meute. Ils se protègent. Le rejet est
insupportable au jeune macho. C’est l’équivalent d’un arrêt de mort. C’est lui
dire : “Tire-toi, ta semence ne vaut rien”.
Il y a des exceptions. Le sniper, le franc-tireur, le kamikaze accepte implicitement
de se faire jeter. Les femmes, qui ont vécu éprouvent souvent une petite
tendresse pour ces pilotes d’essai de l’amour. Mais les filles sont généralement
connes et cruelles. Je ne nierai pas que cela fait partie de leur charme, c’est
même excitant mais on en prend plein les moustaches. Il y a un certain nombre
de lois à connaître. Par exemple celle du scénario. Quand vous avez rencart vous
venez toujours avec un scénar. Que ce soit branché, rigolo ou ringard vous avez
imaginé le lieu, la scène, l’action et vous vous êtes vu vous lever, aller vers elle,
sortir la bonne phrase avec la bonne voix. Peu importent les détails, vous avez
un “conducteur” et vous vous y fiez. La loi du scénario est simple : quoique vous
imaginiez ça ne va jamais se dérouler comme prévu. Il y a tellement de probabilités
divergentes que vous faites mieux de vous lâcher et de jouer au hasard.
Oubliez Belmondo, dans les années soixante/soixante-dix je le trouvais superbe
1 What women want, 2000, pas terrible pour Mel mais les femmes sont super bonnes, Hunt
et Tomei !
2 Grasdu ou gras du, sanantoniaiserie mis pour obèse, surpoids, petite bedaine : aujourd’hui
quasiment normatif dans une humanité divisée en squelettes et gradus.
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